En raison de l’aggravation de la crise alimentaire, l’Egypte a eu recours à l’importation de volaille, de riz et de poisson. Tandis que les interrogations grandissent sur les préparatifs du gouvernement pour le mois de Ramadan et ses plans de contrôle des prix.
Le gouvernement a annoncé son intention d’importer du poulet de l’étranger. Et ce, pour faire face aux prix élevés de la volaille, sur lesquels la classe moyenne et pauvre en Egypte comptaient pour obtenir des protéines à un prix raisonnable.
En effet, l’industrie de la volaille contribue à environ 75 % de l’approvisionnement en protéines animales en Égypte. Car le pays produit 4 millions de poulets et 40 millions d’œufs par jour, selon l’observatoire du ministère de l’Agriculture.
Tharwat Zaini, vice-président de l’Union générale des producteurs de volaille et chef de la division alimentation animale, a exigé l’existence d’un stock stratégique de maïs pour une période de quatre mois; et ce, afin de ne pas rater un épisode de la filière avicole.
Il a ajouté dans des déclarations télévisées : « Le déblocage de fourrage n’est pas suffisant. Car ce qui a été débloqué était de 2,5 millions de tonnes. Alors que le besoin pendant la période de cinq mois était de 4 millions de tonnes ».
Effondrement de la filière avicole en Egypte
De plus, il a indiqué que le secteur de la production de volaille en Egypte se compose de 37 000 fermes d’engraissement, de ponte et d’élevage, sans monopole. Tout en soulignant que l’équilibre des prix des produits de base provient de la production et de la disponibilité. Et que les productions de volaille étaient facturés à prix élevés et vendus à perte.
Il a expliqué que si les matières premières nécessaires à l’industrie de la volaille étaient disponibles, aucun produit ne serait sorti du processus de production. Sachant qu’une tonne de soja atteignait 920 euros.
La crise du riz s’amplifie
S’agissant de la crise d’indisponibilité du riz sur le marché, le Conseil des ministres, a annulé, la semaine dernière, la décision de tarification obligatoire du riz, cinq mois après sa mise en œuvre.
Cela est dû à l’échec de la décision de contrôler les prix et à l’exacerbation de la crise. C’est ce qui ressort des déclarations du ministre adjoint de l’approvisionnement, Ibrahim Ashmaoui. Il estime que pour tenter de résoudre la crise, en particulier à l’approche du mois de Ramadan, le gouvernement a décidé pour l’année suivante d’importer des quantités de riz et de le pomper sur le marché afin de réduire le prix. Et ce, bien que l’Egypte soit autosuffisante en riz.
La crise du riz remonte à environ deux ans, lorsque le ministère de l’Approvisionnement a fixé au début de la saison 2021 un prix indicatif du riz qui s’élevait à 3 700 livres par tonne (environ 113 euros). Ce que les agriculteurs ont refusé, exigeant une augmentation à 4 000 livres par tonne. Alors que les rizeries (secteur privé et commercial) achetaient des quantités aux agriculteurs à des prix avoisinants 4 500 livres la tonne (environ 138 euros); le gouvernement a refusé d’acheter du riz aux rizeries à un prix supérieur à son prix d’orientation.
La crise s’est également poursuivie la saison dernière et les agriculteurs ont refusé de remettre du riz aux moulins d’approvisionnement. Et ce, malgré l’augmentation du prix de l’offre par le gouvernement. Ce qui a incité le ministère de l’Approvisionnement à prendre une décision obligeant les agriculteurs, pour la première fois, à remettre un tonne de riz pour chaque acre. Ce qui représente environ 25 % de la production de l’acre, avec des sanctions imposées à ceux qui refusaient de livrer.
Malgré les menaces précédentes, le gouvernement n’a collecté que 400 000 tonnes sur le million et demi qu’il visait. De ce fait, le prix du riz est monté sur le marché d’une manière sans précédent.
Importation de poisson russe
En ce qui concerne le poisson, le gouvernement a eu recours à l’importation de la Russie. L’ambassade de Russie au Caire a révélé, dans un communiqué, que l’Autorité russe de contrôle vétérinaire et agricole avait publié une déclaration concernant l’octroi par l’Egypte à 34 entreprises russes du droit de fournir des produits de la pêche au marché local égyptien.
L’Autorité russe de surveillance vétérinaire et agricole a indiqué qu’il existe désormais 89 entreprises et navires de transformation du poisson qui ont le droit d’exporter des produits vers l’Égypte.
La décision d’importer intervient malgré l’annonce par le gouvernement qu’il a atteint l’autosuffisance en poisson. Et ce, en produisant environ 2 millions de tonnes à un taux de 97 %, dont 80 % proviennent de la pisciculture qui a été établie au cours des sept dernières années. Alors que 20 % proviennent des pêcheries naturelles de la mer Rouge et de la Méditerranée, du Nil et des lacs appartenant à l’Égypte.
Les préparatifs du ramadan
Samira Jazzar, membre de la Chambre des représentants, a posé hier une question à Mustafa Madbouly, Premier ministre, concernant les préparatifs du gouvernement pour recevoir le mois de Ramadan et la disponibilité des produits alimentaires pour répondre à la demande croissante pendant le mois du Ramadan et ses plans de contrôle des prix.
Le Premier ministre, a répondu que le marché local souffre d’un manque d’approvisionnement de certains produits alimentaires de temps à autre. Mais aussi de l’augmentation notable de leurs prix qui l’accompagne de manière accélérée et durable. En particulier depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne et ses effets négatifs sur l’approvisionnement alimentaire. « Nous sommes malheureusement un pays qui dépend des importations pour répondre à ses besoins en produits alimentaires. Car l’Égypte ne produit que 45 % de blé et 3 % d’huiles végétales et importe la différence, selon ce que la représentante égyptienne a mentionné dans sa question », a-t-il précisé.