Plus de 12 ans après le fameux 14 janvier, on s’interroge toujours pour savoir si les revendications tant attendues de liberté, dignité et travail ont été réalisées. Plus encore, on se demande aussi si les vieux démons du siècle passé ont repris, comme la xénophobie ou le racisme. Autant de questions nécessitant des réponses.
Elyes Kasri, ancien ambassadeur et analyste politique a fait le point sur la situation en général, via son post. Il dresse un état des lieux sur l’échec de la transition démocratique dans les pays qui ont connu le printemps arabe. Il précise à cet effet : » Il est fort probable que ce rejet de l’autre ait été l’une des causes fondamentales de l’échec de la transition démocratique dans tous les pays du prétendu printemps arabe. En plus des revers économiques graves causés à l’économie nationale, cette tendance au rejet risque de faire de la Tunisie un état paria sur le continent africain et peut-être ailleurs. »
Et de poursuivre : « La théorie du complot ethnique et du grand remplacement de même que la prétention à la pureté raciale qui évoquent des souvenirs troubles d’un siècle en arrière, s’efforcent de s’affubler d’une légitimité fallacieuse en se drapant du légalisme et du patriotisme chatouilleux. L’intensité inquiétante de ce dérapage et la conjoncture locale et internationale nécessitent de toute urgence une plus grande vigilance de la part des autorités publiques et de la société civile de même qu’une meilleure pédagogie des droits de l’Homme et de la tolérance. »
Pour revenir au sujet des ressortissants subsahariens en Tunisie, Elyes Kasri lance un appel : « A tout Tunisien ayant affaire à un ressortissant subsaharien pensez à un parent, voisin ou ami expatrié à l’etranger en quête d’une deuxième chance et de meilleures perspectives. Le peuple tunisien qui s’est illustré par sa compassion et sa générosité en recevant plus d’un million de réfugiés après l’effondrement du régime de Kadhafi en Libye a sûrement la capacité de traiter avec la même compassion les quelque milliers de frères et sœurs subsahariens sur notre sol. »
Et de conclure : « l’enjeu touche non seulement notre stature morale et diplomatique et nos intérêts en Afrique et ailleurs, mais également l’intégrité de la colonie tunisienne en Europe de même que l’image du peuple tunisien considéré traditionnellement comme hospitalier et qui ne peut se permettre d’être perçu par les touristes et investisseurs potentiels, par la faute de quelques excités et d’un silence complice, comme un peuple xénophobe et raciste. »