L’Italie a enregistré une croissance économique régulière de 3,7 % l’an dernier. Mais son déficit budgétaire a dépassé les prévisions officielles. C’est ce qu’a annoncé mercredi l’agence nationale de statistiques ISTAT. Dans le même temps, l’Observatoire italien Nomisma a déclaré que le pouvoir d’achat des Italiens a diminué de 54 %.
Selon l’agence nationale de statistiques, la croissance a ralenti de 7,0 % (contre 6,7 %) en 2021. Mais elle était conforme aux dernières prévisions du gouvernement. La troisième économie de la zone euro ayant mieux résisté que prévu au cours des trois premiers trimestres.
Le tableau des finances publiques est cependant moins positif. Puisque le déficit budgétaire dépasse l’objectif de Rome pour 2022. Et ce, en raison d’une récente décision de l’agence de statistiques de l’Union européenne Eurostat sur la manière de classer les crédits d’impôt dans les comptes publics.
Les déficits des deux années précédentes ont également été revus à la hausse.
L’année dernière, l’écart budgétaire a été signalé à 8,0 % du produit intérieur brut, par rapport à l’objectif officiel de 5,6 % fixé en novembre. Les déficits en 2021 et 2020 ont été révisés respectivement à 9,0 % de 7,2 % et à 9,7 % de 9,5 %.
La dette publique- proportionnellement la plus élevée de la zone euro après la Grèce- est tombée à 144,7 % du PIB en 2022 contre l’objectif du gouvernement de 145,7 %.
En outre, le niveau de 2022 est en baisse par rapport à 149,8 % révisé à la baisse en 2021.
Pour l’avenir, la première ministre Meloni prévoit que la croissance économique ralentira fortement cette année à seulement 0,6 %. Et ce, après avoir perdu de son élan en 2022.
Au quatrième trimestre de l’année dernière, le PIB a reculé de 0,1 % par rapport aux trois mois précédents. C’est ce qui ressort des chiffres préliminaires de l’ISTAT publiés fin janvier.
En un an, le pouvoir d’achat des Italiens a diminué de 54 %
De son côté, l’Observatoire italien Nomisma qui vient de lancer l’Observatoire du monde en mutation pour interpréter et anticiper les changements sociaux en cours, a déclaré récemment que le climat d’incertitude affecte fortement la propension à épargner. Ce climat se répercute également directement sur les consommateurs qui commencent à ressentir intensément la baisse de leur pouvoir d’achat. Un chiffre également confirmé par la dernière enquête Istat qui a vu les ventes au détail diminuer de 0,8 % en volume.
À travers des enquêtes bimensuelles auprès d’un échantillon représentatif d’Italiens âgés de 18 à 65 ans, l’Observatoire confirme qu’au cours de la dernière année 88 % des ménages ont adopté des stratégies d’épargne appropriées pour faire face à l’augmentation des prix de l’énergie et à l’augmentation générale des coûts.
Malgré cela, 14 % des personnes interrogées estiment gagner moins que ce dont elles auraient besoin pour supporter les dépenses nécessaires. De plus, 25 % des familles se retrouvent à dépenser tout ce qu’elles gagnent pour faire face aux dépenses strictement nécessaires telles que les charges, les imprévus concernant leur logement et la nourriture, sans pouvoir se permettre autre chose.
Seul un Italien sur deux dépense moins que ce qu’il gagne, réussissant ainsi à économiser quelque chose sans avoir à faire trop de sacrifices. L’enquête menée par Nomisma met en évidence que la recherche d’épargne est avant tout portée par l’incertitude qui conditionne fortement cette phase du cycle économique.
Ainsi, 38 % de ceux qui épargnent le font justement parce que l’avenir semble trop incertain. Tandis que 23 % mettent de l’argent de côté pour faire face sereinement à toute dépense imprévue. Les résultats de la recherche montrent qu’au cours des 12 derniers mois, la capacité d’épargne a diminué ou fortement diminué pour 54 % des Italiens.
Quant à l’avenir, les perspectives ne s’annoncent pas meilleures. Car non seulement les familles craignent de ne pas pouvoir épargner, mais 26 % d’entre elles craignent de ne pas pouvoir joindre les deux bouts. De plus, penser à l’épargne familiale ou trouver comment épargner une partie de ses revenus est une source d’anxiété et de stress pour un Italien sur deux.
Enfin, « la période historique actuelle et les événements des trois dernières années ont changé et continuent de changer profondément la vie quotidienne des Italiens », souligne Valentina Quaglietti de Nomisma.