Fitch Ratings, qui avait même positivement impacté l’accord au niveau des experts avec le FMI sur la notation souveraine, s’est montrée optimiste quant à une approbation proche de la demande tunisienne par le conseil d’administration du FMI.
Fitch Ratings pense que les récentes avancées du gouvernement, à savoir l’amendement de la loi sur les entreprises du secteur public et les progrès dans la finalisation d’un plan de financement actualisé, ont amélioré les chances du pays à obtenir le financement requis.
Un plan de financement actualisé de 5 milliards de dollars
Cela confirme les déclarations de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, mi-février, indiquant que les autorités avaient très bien progressé sur les chantiers préalables requis dans le cadre du Mécanisme élargi du crédit (MEDC) et qu’elle s’attendait à ce que les actions restantes soient conclues dans les semaines à venir.
Même en tenant compte des retards de procédure, Fitch prévoit une approbation du conseil d’administration et un versement de la première tranche de financement du FMI avant la fin du deuxième trimestre 2023.
Dans le cadre de ce plan, la Tunisie recevrait plus de 5 milliards de dollars de financement extérieur, principalement de la part de créanciers officiels en Europe et dans le Golfe. Cela équivaudrait à environ 65% des besoins de financement du gouvernement en 2023.
Le financement restant pourrait être fourni principalement par les banques locales, sans exercer de pression significative sur leur liquidité, selon les calculs de Fitch. Toutefois, le soutien des créanciers officiels inclus dans le plan reste conditionné à l’approbation du FMI pour le MEDC.
Fitch estime que le déficit budgétaire sera ramené à 5,7% du PIB en 2023, contre 7,3% en 2022, grâce à des mesures telles que la maîtrise de la masse salariale et des dépenses de subventions. Elle intègre des échéances de dette d’environ 11,2% du PIB.
Les risques sont toujours là
Ainsi, la Tunisie éviterait la restructuration de sa dette, en s’assurant un financement suffisant pour couvrir les échéances de sa dette extérieure, respectivement de 2 milliards de dollars en 2023 et 2,6 milliards de dollars en 2024.
Mais malgré cela, les liquidités extérieures restent limitées. Des retards prolongés dans le décaissement des financements extérieurs ou une augmentation significative de la facture des importations de la Tunisie pèseront lourd. Les déficits des comptes courants restent importants, attendus à 3,4 milliards de dollars en 2023 et 2024. Une baisse des réserves de change disponibles pour le remboursement de la dette pourrait exercer une pression à la baisse sur la notation.
Même si le MEDC est approuvé, les tensions sur le financement extérieur pourraient rapidement réapparaître si la Tunisie s’écartait des objectifs du programme du FMI et que les nouveaux décaissements au titre de ce programme soient suspendus. Cela entraverait probablement aussi les décaissements de financement bilatéral, car Fitch pense que le financement des créanciers officiels dépend largement des perspectives de réforme.
Historiquement, l’adhésion de la Tunisie aux programmes du FMI n’a jamais été forte avec une faible capacité de mettre en œuvre les engagements de réforme. Certaines réformes, telles que celles concernant les entreprises publiques et les subventions, pourraient susciter une forte opposition des syndicats.
C’est une très bonne nouvelle qui pourrait donner une bouffée d’oxygène à une économie qui a montré une grande résilience, mais qui n’a plus de marge de manœuvre significative.