Le commerce mondial est largement considéré comme une valeur de mesure cruciale pour évaluer les activités économiques entre les nations.
En fait, peu d’indicateurs peuvent égaler les informations fournies par les données commerciales lorsqu’il s’agit d’évaluer les conditions économiques mondiales. Enracinées dans les transactions transfrontalières réelles, les données sur le commerce permettent de comprendre la demande globale de produits essentiels et de facteurs de production. Cela inclut les biens physiques, les biens d’équipement, ainsi que les intrants fondamentaux, tels que les matières premières et les produits de base. Par conséquent, les données du commerce mondial sont étroitement liées aux conditions macroéconomiques et fluctuent en fonction des cycles d’expansion et de contraction économiques.
Récemment, après le fort rebond de l’activité suite à la pandémie, le commerce mondial a commencé à montrer des signes de déficience. Selon le Central Planning Bureau of Netherlands for Economic Policy Analysis (CPB NEPA), le volume du commerce mondial s’est contracté d’environ 4 % depuis son récent pic d’août 2022. Étonnamment, cela s’est produit alors même que les goulets d’étranglement et les contraintes de la chaîne d’approvisionnement ont commencé à s’atténuer. Cela correspond à un déclin continu du commerce dans les exportateurs asiatiques des premiers déclarants (Japon, Corée du Sud, Singapour et Taïwan). Ces pays sont généralement à l’avant-garde de la structure du commerce mondial, car ils jouent un rôle clé dans la chaîne d’approvisionnement des activités manufacturières à travers les continents.
Volume des échanges mondiaux
(points d’indices, 2020-2022)
Sources: Haver, CPB NEPA, analyse QNB
Cependant, les données sur le volume du commerce mondial ont tendance à nous donner une image du passé récent plutôt que du présent ou du futur proche. Les données CPB NEPA, par exemple, sont publiées avec un retard de trois mois, ce qui signifie que leurs perceptions récentes reflètent les volumes commerciaux de novembre 2022. Même l’indicateur le plus ponctuel de la croissance du commerce des exportateurs asiatiques ayant fait l’objet d’une déclaration précoce n’est non plus pas idéal, car les données accusent toujours un retard de deux mois. Il est préférable d’examiner d’autres points de données qui ont tendance à fournir des informations prospectives plutôt que rétrospectives, c’est-à-dire des indicateurs avancés qui anticipent ce que l’économie est susceptible de réaliser.
Selon nous, les indicateurs présentes suggèrent que l’effondrement du commerce mondial sera plutôt superficiel et de courte durée. Principauxtrois points viennent étayer notre analyse.
Indicateurs clés du commerce mondial
(a/a, %, 2020-2022)
Sources: Haver, Federal Reserve Bank of St. Louis, QNB analysis
Tout d’abord, les investisseurs orientés vers l’avenir prévoient également une amélioration de la situation. En effet, les attentes des investisseurs concernant les bénéfices futurs du secteur des transports, un important indicateur avancé de la croissance future du commerce mondial, laissent entrevoir une stabilisation, voire une légère reprise de la demande de biens physiques. L’indice Dow Jones Transportation Average, un indice boursier composé de compagnies aériennes, de sociétés de camionnage, de transport maritime, de chemins de fer et de sociétés de livraison, dont la performance est supérieure d’au moins trois mois à celle des exportations mondiales, stipule que le commerce mondial devrait avoir atteint son niveau le plus bas en novembre 2022 et devrait revenir à un mode d’expansion en avril 2023.
Ensuite, les mouvements des devises étrangères (FX) sont également susceptibles de continuer à jouer leur rôle de soutien du commerce mondial. Historiquement, le commerce mondial est négativement corrélé avec l’USD, les volumes d’échanges augmentant lorsque l’USD est en baisse et vice versa. L’indice USD est déjà en baisse de 9% par rapport aux sommets atteints fin septembre 2021. La faiblesse de l’USD, prévue dans le cadre d’une économie européenne plus résiliente et des hausses de taux plus agressives de la part de la Banque centrale européenne et de la Banque du Japon au cours des derniers mois, constitue un important vent arrière pour la croissance du commerce mondial. Environ 40 % des flux commerciaux mondiaux sont facturés en USD et un USD plus faible rend les importations non américaines moins chères. Cela augmente les revenus disponibles ou favorise même la substitution des produits nationaux aux importations, ce qui a un effet positif sur les volumes commerciaux.
Enfin, après une année d’activité modérée, la Chine est au coeur d’un processus de ré-accélération économique important. L’économie chinoise a enregistré des performances médiocres après 2021, en raison d’un retrait anticipé des politiques de relance, des politiques Covid zéro, d’une répression des activités immobilières et d’une réglementation plus stricte pour plusieurs industries. Mais ces politiques sont actuellement toutes réversibles ce qui devrait permettre un rebond économique majeur avec le soutien de la levée des restrictions Covid et d’une « ouverture » économique globale. Cela devrait stimuler l’investissement et la consommation en Chine, favorisant le volume des échanges commerciaux en Asie et dans le monde.
Dans l’ensemble, les volumes du commerce mondial devraient s’améliorer au cours du prochain trimestre, car nous voyons des signes de stabilisation supplémentaire. Cependant, il reste à voir si les vents contraires provenant du resserrement monétaire, de l’incertitude politique et d’un environnement géopolitique plus hostile entraîneront des résultats négatifs plus tard dans l’année.
D’après communiqué