La première chaîne nationale vient de produire l’émission ‘‘Les fils de la Télévision’’, décrivant sa genèse. L’étude, certes intéressante, a fait valoir le rôle joué par les ingénieurs et les techniciens. Mais elle a occulté les programmes, leur producteur et leur réalisateur, c’est-à-dire le contenu. Témoins de cette genèse, puisque j’ai participé, dès le 31 mai 1966, aux premières émissions de Culture vivante produite par Mohamed Aziza, puis La vie culturelle, produite par moi-même, jusqu’en 1974, j’ai estimé qu’il fallait présenter mon témoignage, pour compléter le tableau.
La direction des programmes était assurée par feu Hassen Akrout et son adjoint le professeur Mohamed Maghrebi. Les premiers producteurs étaient Mohamed Aziza et moi-même pour les émissions culturelles et Khaled Tlatli pour les émissions de jeunesse et les entretiens avec les vedettes. Rached Hamzaoui et Fredj Chouchane produisirent, par la suite, d’autres émissions culturelles. Les premiers réalisateurs étaient Hédi Besbes, Abderrazak Kefi et Rachid Ferchiou. Ils furent rejoints par Rached Belguithe, Hammouda Abirigua et Moncef Kateb. Abdelaziz Frikha était l’important directeur photo. Les équipes constituées participaient au tournage dans le studio et effectuaient des sorties.
L’émission Vie Culturelle permit de réaliser des documentaires sur les peintres et les écrivains. Elle fit valoir le rôle de la jeunesse qui était occultée par l’Establishment. Elle décrivait l’atmosphère spirituelle tunisienne, dans la société bourguibienne qui a succédé à une société de tradition. Elle mit en valeur la présence créatrice de l’élite tunisienne et joua le rôle d’un révélateur.
La télévision tunisienne permit l’ouverture de l’esprit. Par le développement de ses programmes, elle joua un rôle précurseur, bien avant l’apparition des moyens de communication de masse.