La Chambre préliminaire de la Cour pénale internationale (CPI) a émis vendredi 17 mars un mandat d’arrêt contre le Président russe Vladimir Poutine, en lien avec « des crimes de guerre présumés concernant la déportation et le transfert illégal d’enfants de territoires occupés d’Ukraine ».
Quelques jours plus tôt, le procureur de la CPI, Karim Khan, avait déclaré au cours d’une visite en Ukraine, que « les enlèvements présumés d’enfants faisaient l’objet d’une enquête prioritaire ».
Le Kremlin a réagi en dénonçant « les décisions « dénuées de sens » et « insignifiantes » de la Cour pénale internationale. « Les décisions de la Cour pénale internationale sont dénuées de sens pour notre pays, y compris d’un point de vue juridique, car Moscou n’a aucune obligation envers elle », a affirmé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
L’ancien président russe Medvedev est allé plus loin. Réagissant en des termes peu diplomatiques, il a affirmé : « La Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine. Pas besoin d’expliquer où ce papier doit être utilisé »…
Pourquoi la Russie a-t-elle réagi avec autant de mépris à la décision de la Cour pénale internationale ? Il faut savoir tout d’abord que les enfants « déplacés de force », selon la version ukrainienne, ne vivaient pas dans un milieu familial douillet et un environnement pacifique. Il s’agit d’orphelins vivant au sein d’orphelinats dans un environnement de violence guerrière. C’est pour les éloigner d’un tel environnement infernal et leur trouver des familles pouvant les accueillir et, éventuellement, les adopter que les autorités russes les ont déplacés en Russie. Est-ce un crime de guerre ou une action ans l’intérêt des enfants orphelins ? La réponse est évidente.
Il faut savoir ensuite que la Russie n’a pas signé le Statut de Rome portant création de la CPI, et donc elle ne fait pas partie de cette institution judiciaire internationale envers laquelle elle n’a ni droits ni obligations. Par conséquent, émettre un mandat d’arrêt contre le président Poutine est une incongruité juridique.
Enfin, la politique des deux poids-deux mesures que pratiquent ouvertement les responsables de la CPI et son procureur Karim Khan n’honore guère leur institution. Et à ce niveau, on ne peut pas ne pas ne se demander ce que peut bien ressentir en son for intérieur le procureur Karim Khan quand il émet un mandat d’arrêt contre le président russe pour « déplacement forcé d’enfants », tout en ignorant les vrais criminels qui ont détruit des pays et provoqué la mort et le déracinement de dizaines de millions d’êtres humains au Moyen-Orient et en Afrique du nord ?
Que pense le procureur de la CPI des crimes de guerre Gorge W. Bush et Tony Blair qui avaient envahi et détruit l’Irak sur la base d’un mensonge ? Et des crimes de guerre de Barack Obama qui se vantait d’avoir bombardé 7 pays musulmans ? Et des crimes de guerre de Nicolas Sarkozy, David Cameron et autres Hilary Clinton qui avaient détruit la Libye ? Et des crimes de guerre quotidiens perpétrés depuis plus d’un demi-siècle contre le peuple palestinien.
Aucun de ces grands criminels de guerre n’a été inquiété. Ils coulent des jours heureux aux Etats-Unis, en Angleterre et en France. Et la seule et unique fois où la CPI a eu le courage de pointer du doigt les crimes de guerre des dirigeants israéliens en Palestine, elle a été descendue en flamme par Washington. Ses juges furent taxés d’« antisémitisme » et menacés d’être trainés devant les tribunaux, s’ils s’aventuraient à fouler le sol américain.
Message reçu 5 sur 5 par la CPI. Car, depuis, et en dépit de l’intensification des crimes de guerre commis par l’armée israélienne à Gaza et dans les différentes villes de Cisjordanie, la CPI, ses responsables et son procureur général regardaient et continuent de regarder ailleurs.
Il va sans dire que Poutine n’est pas le premier président à être poursuivi par la CPI. Avant lui, cette auguste institution avait émis des mandats d’arrêt contre le serbe Milosevic, le Soudanais Omar al Bachir, l’Ivoirien Laurent Gbagbo, et d’autres encore.
Ce qu’il faut remarquer ici, c’est que toutes les personnalités politiques internationales ayant été poursuivies par la CPI ne sont pas en odeur de sainteté en Occident. Difficile de ne pas conclure dans ces conditions que l’amitié et la loyauté envers l’Occident sont des garanties contre d’éventuelles poursuites de la CPI. Israël est loin d’être l’unique exemple.
On nous assure que « 43 pays ont prié la CPI d’engager des poursuites contre le président russe ». Il y a beaucoup plus de pays en Europe, en Amérique du nord et ailleurs qui désirent ardemment voir Poutine disparaitre de la surface de la terre et la Russie subir le sort de la Yougoslavie.
Cela dit, il faut une bonne dose de naïveté pour croire que c’est le sort des enfants déplacés qui est derrière les pressions faites par les 43 pays sur la CPI pour épingler Poutine. La vérité est qu’en Europe et en Amérique du nord, le degré d’hystérie antirusse atteint des proportions inquiétantes, mettant en danger la paix mondiale ou ce qui en reste.