Le Fonds monétaire international a averti, jeudi, que le Liban traverse un « moment très dangereux ». Et ce, à la lumière d’un effondrement économique qui s’accélère. Tout en avertissant que l’absence de mise en œuvre de réformes urgentes plongerait le pays dans une « crise sans fin ».
Au terme d’une visite à Beyrouth, qui comprenait des rencontres avec des responsables et plusieurs agences, le chef de la mission du FMI, Ernesto Ramirez Rigo, s’est exprimé lors d’une conférence de presse. Il déclare : « Nous pensons que le Liban est à un moment très dangereux, à la croisée des chemins ». Ajoutant que « l’impasse actuelle et l’incapacité » à prendre les mesures requises entraîneraient l’entrée du pays « dans une crise sans fin ».
A cet égard, le fonds avait annoncé en avril dernier la conclusion d’un accord préliminaire avec le Liban sur un plan d’aide de trois milliards de dollars sur quatre ans.
Cependant, l’application du plan est liée à l’engagement du gouvernement à mettre en œuvre les réformes préalables. Ainsi qu’à l’approbation par le Parlement de projets de loi urgents. Notamment le budget 2022 et la loi sur le « contrôle des capitaux » qui limitent les retraits et les transferts de devises étrangères des banques. En plus de l’approbation de la législation relative à la restructuration du secteur bancaire, modifiant la loi sur le secret bancaire et unifiant le taux de change.
Bien que les autorités aient approuvé le budget de l’année dernière et travaillé à amender la loi sur le secret bancaire, d’autres mesures urgentes n’ont pas encore vu le jour.
« Près d’un an s’est écoulé depuis que nous sommes parvenus à un accord », constate M. Rigo. En notant que « les Libanais ont fait des progrès. Mais malheureusement les progrès sont très lents, compte tenu de la complexité de la situation ».
Les répercussions de l’effondrement n’ont épargné aucun groupe ou secteur social
Par ailleurs, l’accélération de l’effondrement économique il y a trois ans coïncide avec une crise de liquidité aiguë. Mais aussi des restrictions bancaires strictes, avec lesquelles les déposants ne peuvent plus accéder à leur épargne persistante.
Ainsi, mardi, la lire a enregistré un effondrement historique. Le taux de change dépassant le seuil des 140 000 contre le dollar. Et ce, avant de tomber sous les 110 000, après que la Banque du Liban a publié une circulaire pour limiter l’effondrement de la lire. Laquelle a perdu près de 98 % de sa valeur.
En outre, la paralysie politique exacerbe la situation. Avec un gouvernement intérimaire incapable de prendre les décisions nécessaires. Y compris les réformes requises par la communauté internationale et le FMI pour fournir un soutien afin d’arrêter l’hémorragie.
Finalement, les répercussions de l’effondrement n’ont épargné aucun groupe ou secteur social au Liban. Et alors que plus de 80 % de la population est passée sous le seuil de pauvreté, les autorités sont devenues incapables de fournir les services de base. De même qu’elles ont largement cessé de subventionner les produits de base, notamment le carburant et les médicaments.