Le gouvernement saoudien a approuvé l’adhésion à un bloc de sécurité dirigé par la Chine, renforçant ainsi les liens de Riyad avec l’Est et s’éloignant des intérêts américains.
Le mémorandum accorde à Riyad le statut de « partenaire du dialogue » au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai. Il s’agit d’une alliance politique, sécuritaire et commerciale dont les membres sont la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. En outre, l’organisation compte quatre États observateurs (dont l’Iran) et neuf partenaires de dialogue, dont le Qatar et la Turquie.
La décision de l’Arabie saoudite, bien qu’elle n’en soit pas membre à part entière, renforce les intérêts de Riyad à l’est, à un moment où Pékin teste son influence au Moyen-Orient dans le but de contrer l’influence des États-Unis. Début mars, la Chine a négocié un accord permettant à l’Arabie saoudite et à l’Iran, rivaux de longue date, de reprendre leurs relations diplomatiques et de rouvrir leurs ambassades respectives.
Plus profondément en Europe, Pékin a présenté de manière tout aussi ambitieuse, mais avec beaucoup moins de succès, un plan en 12 points visant à instaurer la paix entre la Russie et l’Ukraine.
Riyad se rapproche encore de Pékin et Moscou
Les intérêts saoudiens sont depuis longtemps liés à ceux des principaux membres de l’Organisation, la Chine et la Russie. Pékin est le premier partenaire commercial de Riyad, avec des échanges bilatéraux qui dépassent 87 milliards de dollars.
La Chine est l’un des principaux consommateurs des exportations pétrolières de l’Arabie saoudite, qui dépendent des hydrocarbures. Les deux pays font des percées importantes dans leurs secteurs pétrochimiques respectifs. Le géant pétrolier Aramco, contrôlé par l’État saoudien, a notamment annoncé récemment la création d’une coentreprise qui construira une raffinerie et un complexe pétrochimique à Panjin, dans le nord-est de la Chine.
Par ailleurs, Riyad est un proche allié de la Russie dans les politiques de production de pétrole brut de la coalition OPEP+.
Le Royaume est en train de changer de cap, quelque chose auquel personne ne s’attendait quelques années auparavant. Forte de ses moyens financiers et de son poids mondial dans l’industrie pétrolière, l’Arabie saoudite compte s’imposer comme un leader régional indépendant des orientations de l’administration américaine.