Jeudi, le ministère libanais des Travaux publics et des Transports a rétracté un contrat d’agrandissement de l’aéroport international de Beyrouth, après avoir suscité une controverse sur l’étendue de sa légalité et de sa transparence dans un pays dont les institutions sont ravagées par la corruption et qui connaissent un effondrement économique chronique.
Le ministre, Ali Hamiya, a annoncé hier dans un tweet que « malgré l’importance du projet de construction du nouveau terminal pour les voyageurs, et dans le sillage de la polémique juridique qui sévit dans le pays… et de résoudre la divergence de points de vue, je l’ai annoncé avec tout le courage de ne pas poursuivre le contrat et de le considérer comme s’il n’existait pas. »
Hamiya a devancé une réunion de la commission des travaux publics, des transports, de l’énergie et de l’eau au Parlement, consacrée à l’examen du contrat d’agrandissement de l’aéroport international Rafik Hariri, le seul aéroport de passagers au Liban, qui n’a connu aucun projet d’agrandissement depuis 1998.
Hamiyah a annoncé la semaine dernière la conclusion d’un contrat pour la construction d’un nouveau terminal passagers à l’aéroport après « avoir attiré des financements, des investissements et des opérations de l’étranger… sans que le Trésor public ne supporte aucune charge ».
Le ministère a conclu avec la Compagnie libanaise de transport aérien (LAT), qui opère à l’aéroport de Beyrouth depuis des décennies, un accord pour « financer l’ensemble des composantes du projet », d’une valeur de 122 millions de dollars, à condition qu’une société détenue par le gouvernement de l’Irlande exploitera le nouveau bâtiment pendant une période de 25 ans.
FMI : La nouvelle loi sur les marchés publics doit être mise en œuvre rapidement
Cette décision a suscité des critiques de la part des députés et des organisations non gouvernementales, notamment en termes de conclusion d’un accord consensuel incompatible avec la loi sur les marchés publics publiée en 2021, et certains ont remis en question l’autorité d’un gouvernement intérimaire pour décider de contrats de cette ampleur.
Dix organisations non gouvernementales, dont Transparency International-Liban, ont déclaré que l’objectif de la nouvelle loi sur les marchés publics est de « mettre fin aux pratiques qui perdurent depuis de nombreuses années de non-transparence et de dépenses inutiles », notant que le contrat de l’aéroport « était illégal ».
Les organisations ont mis en garde contre de « graves abus » au Liban dans l’application de la loi, « qui ouvre la porte à la corruption et au népotisme ».
Le Fonds monétaire international, qui attendait la mise en œuvre de réformes urgentes pour lancer un plan d’aide au Liban, a annoncé que la loi sur les marchés publics devait être « mise en œuvre rapidement ».
Depuis 2019, le Liban connaît un effondrement économique considéré comme le pire de l’histoire du pays, coïncidant avec une paralysie politique et un vide à la présidence en raison de divisions politiques qui ont empêché l’élection d’un président pendant près de cinq mois.
Par conséquent, le pays est dirigé par un gouvernement intérimaire, ce qui entrave la prise de décision à tous les niveaux.
Le Liban se classe 150e sur 180 pays dans le dernier classement de l’indice de corruption de Transparency International.