Encore une semaine marquée par deux événements majeurs. En effet, un énorme chaos a marqué la visite d’une délégation de l’Union européenne en Tunisie conduite par le Commissaire européen aux Affaires économiques, Paolo Gentiloni. Dans le sens où, jusqu’à présent, personne ne peut confirmer en toute transparence le déroulement de la rencontre présumée entre le Président de la République Kaïs Saïed et l’hôte européen.
Il faut dire qu’après avoir annoncé l’annulation dudit entretien, l’agence italienne Nova indiquait avec transparence que la rencontre avait finalement bien eu lieu.
Enigme de la rencontre avec Paolo Gentiloni
Mais si les activités concernant les rencontres avec la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, les ministres de l’économie et des Finances et le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marwan Al-Abassi ont bien été couvertes; on ne retrouve aucune trace de celle avec le Chef de l’Etat. Même pas sur le site de la présidence de la République!
En outre, le reste de la semaine, en l’occurrence du jeudi 23 mars au jeudi 30 mars, il n’y a eu aucune mention de quelconque activité dynamique du Président de la République, aucune transparence. Fait inhabituel passé sous un silence total.
Il a fallu attendre la fin du huitième jour pour qu’on lise, enfin, un communiqué diffusé sur la page Facebook de la Présidence de la République annonçant la décision de limogeage du Gouverneur de Gabès!
Instructions du Président de la République au Ministère public
Un autre communiqué de la présidence de la République a suivi. Il annonçait que « sur instructions du Président de la République, Kaïs Saïed, le Ministère public a ordonné, sur demande de la ministre de la Justice, l’ouverture d’une enquête judiciaire à l’encontre de l’ancien Gouverneur de Gabès pour de nombreux faits incriminés par la loi… »
Ainsi, et selon les termes de ce communiqué, l’ouverture de cette enquête s’est faite, à la fois, sur instructions du Chef de l’Etat et sur demande de la ministre de la Justice.
Force est de constater que l’équipe rapprochée de la Présidence de la République continue à adopter une communication discrète, voire un manque total de transparence en la matière. Ce qui ne peut qu’alimenter les rumeurs, les intox et les fake news.
Place aux rumeurs les plus fantaisistes
En effet, après quelques jours d’attentes, les langues se son déliées pour faire propager les « informations » les plus fantaisistes et invraisemblables. Lesquelles ont circulé avec l’aide de certains hommes politiques, certains médias, notamment audiovisuels. Sans oublier les inévitables pages à quatre sous qui prolifèrent sur les réseaux sociaux, plus précisément sur Facebook.
On a même entendu des voix sur les ondes de certaines radios, dont notamment Samia Abbou, qui ont repris leurs réclamations de publier un rapport médical sur l’état de santé du Président de la République…
Pourtant, la manière la plus efficace et la plus crédible pour contrer ces « acrobates » de l’info était de communiquer en toute transparence, car la nature a horreur du vide. Et, naturellement, toute absence de communication et d’information ne peut qu’ouvrir grandes les portes à la désinformation et aux ragots.
On ne répètera jamais assez que les temps de « cachoteries et des actions en catimini » sont bel et bien révolus. Et que tout finit, par les temps modernes qui courent, par se savoir, nouvelles technologies de l’information obligent, dans un monde devenu, depuis belle lurette, un simple village.
Des dossiers en attente d’une communication positive
Bon à mentionner que le pouvoir actuel, plus précisément depuis le 25 juillet 2021, communique trop peu et trop tard. Les citoyens apprennent les infos au compte-goutte et, souvent, à des heures indues de la nuit.
D’ailleurs, on peut donner de nombreux exemples sur les défaillances en la matière. Les Tunisiens ne savent pas si le dossier du pays auprès du Fonds monétaire international a été reporté ou rejeté! Pourtant, il s’agit d’une question déterminante pour l’avenir immédiat de la Tunisie.
Personne ne sait qui est le vrai décideur dans ce dossier. Est-ce que c’est le Chef de l’Etat qui va signer l’accord avec le FMI? Ou la cheffe du Gouvernement qui devrait signer le document final avec le Fonds? Bien entendu en cas de signature!
Par ailleurs, est-ce qu’on va avoir une Cour constitutionnelle ou non? Pourtant, là aussi, il s’agit d’un point déterminant pour l’avenir de la gouvernance du pays. Et ce n’est pas une raison de faire durer le suspense sur ce point sous prétexte que les anciens gouvernements ne l’ont pas fait! Surtout qu’avec ses pouvoirs exceptionnels, le Président de la République peut résoudre ce litige en quelques minutes.
Mais encore, le Président Kaïs Saïed est-il en train de gouverner selon les dispositions de la Constitution de 2014 ou sa Constitution de 2022? Dans un cas comme dans l’autre, il n’a pas encore prêté serment de nouveau. Dans le sens où logiquement une nouvelle Constitution est en vigueur.
En outre, les Tunisiens ne savent toujours pas si le Chef de l’Etat repart d’une page blanche et se présentera, le cas échéant, aux prochaines élections présidentielles pour un premier mandat ou un second mandat. Et tant qu’on y est, il importe de savoir quand auront lieu la future présidentielle? Selon quel code et selon quelles modalités?
Retour obligé sur l’affaire du complot contre la sûreté de l’Etat
D’autre part, on est obligé de revenir sur l’affaire dite du complot contre la sûreté de l’Etat et de poser les questions qui s’imposent. A savoir jusqu’à quand va durer le silence officiel concernant la nature des accusations imputées aux diverses personnalités arrêtées. Sachant qu’on ne dispose, encore que des données fournies par la défense. Alors que le Ministère public est tenu de donner ses thèses et de rendre publics les crimes dont sont accusés les personnes arrêtées. Ces dernières encourent– il ne faut jamais l’oublier pour certains d’entre eux– la peine de mort.
Et encore une fois, le pouvoir a intérêt à se départir de son silence et à fournir à l’opinion publique les détails de ce dossier. Lequel suscite les pires critiques à l’intérieur comme à l’extérieur de la Tunisie qui dénonce, à juste titre, les ingérences en provenance de l’étranger.
En tout état de cause, les temps sont venus– et mieux vaut tard que jamais– de privilégier la transparence vis-à-vis des Tunisiens et de les traiter en tant que citoyens à part entière, citoyens majeurs et vaccinés…