Silicon Valley Bank ( SVB) est une banque très engagée dans le financement des startups et des fonds de capital-risque.
A partir de 2021, les activités de la banque ont sur- performé en raison d’une conjoncture favorable (taux d’intérêt faibles, relance post-covid, accès facile aux liquidités, forte attractivité pour l’investissement dans les startups). L’explosion des dépôts a permis à la banque de renforcer son exposition aux Treasury bonds. Mais le changement du contexte (hausse des taux d’intérêt, difficultés de lever des fonds pour les startups) a forcé la banque à liquider, avec perte, une partie de ses placements, surtout pour stopper la ruée vers le retrait des dépôts. Une action qui n’a pas pu empêcher la faillite.
Quelles leçons peut-on tirer d’une telle faillite bancaire ?
Des failles dans la réglementation et la supervision bancaire aux Etats-Unis.
SVB a réussi à faire pression sur le Congrès américain pour assouplir la réglementation en vigueur afin d’échapper aux exigences du ratio de liquidité de Bâle, le fameux LCR (Liquidity coverage ratio).
Une erreur de diversification des actifs
Le poids des startups dans les engagements de la banque a fortement accru la fragilité de l’institution. La diversification des actifs demeure primordiale pour la résilience bancaire.
Une sous-estimation des risques
Une mauvaise appréciation du contexte macroéconomique. Malgré les alertes données par la FED américaine sur l’orientation haussière des taux, SVB n’a pas intégré dans son radar les risques générés par la hausse des taux sur ses placements en obligations. Pire encore, du 29 avril 2022 au 3 janvier 2023, la banque fonctionne sans un directeur des risques !!!
« Too interconnected to fail » supplante «Too big to fail »
Certes, la taille de la banque est importante lors des crises, mais le risque de contagion et la rapidité de sa transmission sont devenus plus impactants pour déclencher un risque systémique.
Durcissement des conditions de financement des startups
Compte tenu d’une prise de risque excessive par les startups, un durcissement des conditions de financement (solidité du plan d’affaires, rentabilité…) s’impose pour garantir la résilience des banques fortement exposées à ce type d’entreprises. Les crises bancaires ont le mérite de dévoiler les déficits de gouvernance et de supervision dans le secteur. Comme l’a bien dit Warren Buffet : « C’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nus »
Article de Moez Labidi qui est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 866 du 29 mars au 12 avril 2023