La Tunisie devra faire face à la crise de l’eau. Entre la pénurie d’eau dans l’absolu, les coupures d’eau potable, sans oublier l’augmentation de la sécheresse pour la quatrième année, les Tunisiens sont déjà frappés par des problèmes liés au manque d’eau. Tel est le cri d’alarme de Raoudha Gafrej, universitaire et experte en gestion des ressources en eau. Elle appelle le gouvernement à agir immédiatement. Et ce, en déclarant l’Etat d’urgence et mettant en place d’un plan d’urgence clair pour les six mois à venir.
Ainsi, l’experte en gestion des ressources en eau et changement climatique, appelle le gouvernement à fournir un plan d’urgence pour couvrir la période des six mois à venir durant laquelle un rationnement de l’eau potable fournie par la Sonede et des restrictions d’usage seront mis en place conformément comme à la décision du ministère de l’Agriculture en date du 30 mars 2023.
Au-delà de l’enjeu stratégique de l’eau pour toute la nation, Raoudha Gafrej pose une multitude de questions sur les dispositions prises par l’Etat pour répondre aux besoins urgents du prochain semestre.
Dans un premier lieu, Mme Gafrej s’interroge sur les dispositions prises au profit des Groupements de Développement Agricoles (GDA) alimentés par la Sonede qui utilisent cette eau pour leurs cheptels. Ce qui la conduit à poser la question suivante : quelles sont les solutions d’urgence préparées pour les GDA qui vont voir leurs forages s’assécher suite à la surexploitation des nappes par les différents types d’usagers de l’eau?
En outre, elle s’interroge sur les prochaines actions du gouvernement afin d’augmenter la capacité du transfert de l’approvisionnement en eau, à partir de l’extrême nord vers Tunis et le Sahel. De plus, elle se demande quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour accélérer l’exploitation des barrages construits depuis plus six ans et qui ne sont malheureusement pas exploités en raison de la non finalisation de la déviation des routes (barrages Sarrat et El Kbir).
Et pour finir la question essentielle est de savoir si l’Etat va venir en aide aux salariés des GDA (le règlement des salaires et autres…) qui n’ont pas été rémunérés par faute de vente d’eau; ou aux agriculteurs qui n’ont pas reçu d’eau ou qui ont vu leurs récoltes périr (cas des céréales) ?
Par ailleurs, elle s’interroge sur le sort réservé aux 200 000 citoyens qui n’ont aucun accès à l’eau potable et aucune ressource en eau.
De même, se pose une autre question pour Raoudha Gafrej : quel est le plan de l’État pour la saison prochaine si la sècheresse persiste?
Un programme d’urgence clair pour l’irrigation des cheptels
Ainsi l’experte appelle le Gouvernement à fournir un programme d’urgence clair pour l’irrigation des cheptels, pour l’irrigation des cultures les plus prioritaires et une stratégie de l’Etat pour stopper l’hémorragie des forages illicites des ressources souterraines pour éviter leut assèchement, et même ceux de la Sonede. Il en va de même pour les prélèvements illicites depuis l’oued Mejerda et l’oued Sejnane qui reçoit le transfert des eaux depuis le barrage Sidi El Barrak.
Et pour finir, la question primordiale est celle du plan d’action d’urgence pour au moins six mois; ainsi que la sécurisation des fonds nécessaires pour la période à venir.
Autant de questions qui demeurent pour l’instant sans réponse et qui créent la panique chez tous les usagers. Mais une chose est sûre, le gouvernement doit présenter un plan national d’urgence pour l’eau et ce à travers la mise en place de solutions concrètes pour l’approvisionnement en eau de tous les citoyens, du secteur agricole et du cheptel. En plus de la réduction du gaspillage à tous les niveaux (eau potable et alimentation) mais surtout la rénovation urgente de l’ensemble des réseaux et canalisations d’eau potable et d’irrigation.