Faire face au stress hydrique et à la sécheresse est notre bataille d’aujourd’hui et de demain. Car qui dit eau, dit agriculture. Ce secteur est essentiel pour notre pays et pour son économie. Aujourd’hui, il se retrouve menacé. Quels sont les enjeux?
Leith Ben Becher, fondateur du Syndicat des agriculteurs (Synagri) et céréalier met l’accent sur les difficultés rencontrées vis-à-vis du secteur des céréales; mais évoque la sécheresse et la récolte céréalière.
Il estime que son impact est très grave. Pour la simple raison qu’on parle une perte de 75 % de la récolte céréalière. Soit deux tiers de la surface céréalière qu’on a définitivement perdue. Toutefois, même s’il a plu ces deux derniers jours, l’écart du déficit de précipitation lié à la sécheresse est important.
Et de poursuivre : « Cela dit, tout au long de mes 35 ans en tant qu’agriculteur, il y a eu en effet des mauvaises années de sécheresse. Cependant, cette année n’est autre que la 4ème année consécutive de sécheresse. Or sur une moyenne de 470 mm³, on est à peine à 228 mm³, en comptant les deux derniers jours de pluies. Et rien qu’en visitant Zaghouan et Nabeul, on observe que les oliviers sont dans un état de survie. »
Avant d’ajouter : « Les pluies actuelles vont certainement améliorer le peu des graines pour avoir un meilleur remplissage d’une fin de cycle confortable. Seulement, les estimations de la récolte céréales d’environ 2,5 millions de quintaux pour cette année couvrent les besoins du pays en céréales pour un seul mois. »
« Pour qu’on puisse parler de l’autosuffisance, il faut 30 millions de quintaux par an. Et avec le fait qu’on arrive à un tel stade de sécheresse, on part du constat que les moissonneuses batteuses ne sont pas sorties. Et les conséquences directes sont qu’on aura ni grain, ni paille pour les fourrages grossiers pour les animaux », estime Leith Ben Becher.
Cela nous conduit à poser la question suivante : que faut-il faire? Si la solution de facilité réside dans l’importation des grains, reste à savoir à quel prix? Plus encore, est-ce que c’est possible de le faire aujourd’hui, dans une situation socio-économique fragile?
Leith Ben Becher estime que même avec les mesures annoncées par le ministère de l’Agriculture, c’est trop peu trop tard. Car il aurait fallu anticiper bien avant et agir surtout.
En somme, il est du devoir des pouvoirs publics de prendre des mesures importantes et structurantes pour ce secteur et trouver des solutions innovantes.