Le sucre a atteint ces derniers jours son plus haut niveau depuis 2012 à la bourse de Londres, et son plus haut niveau depuis plus de 6 ans à la bourse de New York. Des hausses en lien direct avec les mauvaises nouvelles venues des champs de canne à sucre, selon la radio internationale RFI .
La sécheresse de l’été dernier a aggravé la crise énergétique, qui a partiellement compromis la récolte de betteraves. Le Brésil, le plus grand exportateur de sucre au monde, a réduit ses prévisions pour la récolte de cette saison de 16% l’an dernier, invoquant des conditions météorologiques défavorables. L’Inde, le deuxième plus grand exportateur, a réduit sa part des exportations de près de moitié.
Dans la même région, la Thaïlande, troisième producteur mondial, déçoit également. Et comme en Inde, une plus petite récolte veut dire là-bas aussi des usines de transformation qui ferment plus tôt dans la saison, faute d’approvisionnement, souligne RFI.
La Chine qui est un des plus gros consommateurs de sucre au monde, s’attend à une récolte au plus bas depuis 7 ans, avec 500 000 tonnes en moins que l’année précédente en raison notamment de la sécheresse. Le pays va donc devoir combler un déficit record en sucre et importer plus que d’ordinaire.
Dans l’Union européenne, les hausses de prix du sucre sont courantes presque partout: en France, il coûte 23 % de plus qu’il y a un an, en Italie et en Espagne, il a augmenté de plus de 50 % et en Allemagne de 63 %.
Les hausses de prix beaucoup plus « structurelles » et durables
Selon les analystes, le secteur est en profonde transformation depuis des années et les hausses de prix sont également liées à des dynamiques internes au secteur, ce qui rend les hausses de prix beaucoup plus « structurelles » et durables qu’on ne le pense. Il est peu probable que les prix baissent de sitôt.
Ajoutez à cela le fait que le secteur connaît depuis des années une transformation remarquable. « La superficie européenne consacrée à la culture de la betterave a diminué de 15 % ces dernières années : les agriculteurs ont préféré d’autres cultures, comme les céréales ou les oléagineux, qui garantissent des marges bénéficiaires plus élevées », explique Alessandro Benincà, directeur de la société Italia Zuccheri, un important producteur de sucre italien.
En toile de fond, il y a aussi une réforme de libéralisation du secteur promue en 2018 par l’UE, qui a supprimé les dits quotas de production. Le but des quotas était d’éviter qu’il y ait trop de sucre sur le marché et qu’il soit vendu à un prix trop bas, ce qui ne permettrait alors pas aux agriculteurs et aux producteurs de faire face à leurs coûts.
Au cours des deux dernières années, l’augmentation des coûts de production, due à la hausse des prix des engrais et de l’énergie, a rendu la production encore plus coûteuse. En outre, les conditions météorologiques défavorables et la sécheresse de l’an dernier ont encore réduit la production.
En outre, il existe un autre problème qui réduit encore la production mondiale de sucre, entraînant ainsi une hausse des prix. La betterave à sucre peut également être utilisée pour produire du bioéthanol, qui est utilisé dans certains pays comme carburant avec de l’essence ou du diesel. Au Brésil, la hausse des prix du pétrole, et donc des carburants traditionnels, a incité de nombreux producteurs de sucre à consacrer une part toujours plus importante des betteraves à la production d’éthanol, réduisant ainsi l’approvisionnement en sucre. La même chose se passe en Inde.