Le Front du salut national a tenu une manifestation devant le Théâtre municipal de Tunis le 9 avril 2023. Il dénonce « le président putschiste Kaïs Saïed » et appelle à la libération de tous les « détenus politiques ».
Composé de plusieurs courants idéologiques et politiques, ce font appelle à la mobilisation contre ce qu’il considère comme un putsch. Et ce, pour « rétablir la démocratie et revenir à la Constitution de 2014 ». D’ailleurs, sur les rampes du théâtre, les partisans du Front de salut national ont répondu présent à l’appel de leurs leaders et sont venus nombreux pour crier leur opposition à l’ordre établi. Islamistes, militants de gauche et centristes telles sont les composantes de ce mouvement qui, dans l’un des rares moments de l’histoire de l’opposition, se sont alliées, malgré leurs divergences idéologiques, contre un président qui conduit le pays à un « gouffre insondable ».
Tour à tour, les leaders du front ont pris la parole pour attiser la ferveur des centaines de partisans qui scandaient des propos hostiles au président de la République et au processus du 25 juillet. D’ailleurs, à quelques nuances près dans leur discours, ils ont été unanimes sur un fait. A savoir que « Kaïs Saïed n’est qu’une parenthèse dans l’histoire de la Tunisie et que la Tunisie finira par retrouver le chemin de la démocratie ».
Le président du FSN, Ahmed Néjib Chebbi, a estimé lors de son intervention applaudie par la foule que « Kaïs Saïed ne dispose pas de solutions pour la Tunisie ». D’ailleurs, il a axé son intervention sur les « répercussions économiques et financières des démarches de Kaïs Saïed ». Pour lui, ses déclarations portant sur le FMI sont en mesure de barrer la route au pays à mobiliser des financements incontournables et indispensables pour la relance de l’économie et pour retrouver les équilibres des finances publiques ».
Dans ce sillage, il prévoit un scénario catastrophique : le pays sera dans l’incapacité d’honorer ses engagements financiers; l’adhésion au club de Paris sera inévitable; et le dinar tunisien se dépréciera outre les investissements qui se feront rares ou/et s’arrêteront. Alors, M. Chebbi appelle le président de la République, s’il est patriotique, à lancer un dialogue national inclusif sans exception aucune. Et d’appeler la centrale syndicale l’UGTT et la société civile à la mobilisation pour l’élaboration d’une feuille de route et mobiliser des centaines de milliers de Tunisiens pour « imposer notre volonté au dictateur ».
Bien qu’il soit composé de plusieurs courants politiques et idéologiques, le Front du salut national est une initiative qui a plusieurs atouts pour réussir. Surtout que ses membres se réunissent autour du minimum syndical à savoir le retour à la voie de la démocratie. C’est ce que soutient le leader au mouvement Ennahdha et au Front de salut national Ajmi Lourimi; et ce, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, en marge de la manifestation. Pour lui, il est hors de question de baisser les bras alors que le pays est au bord du précipice. Il souligne donc la nécessité « d’unir les rang de l’opposition ». Quant au parlement, il « ne reflète que l’échec de la politique de Kaïs Saïed et la dégradation de sa popularité », ajoute-t-il.
Prenant la parole, Samir Dilou rappelle que le président de la République a « tourné en dérision le front à cause de la différence entre les couleurs politiques de ses membres ». Pour Samir Dilou, Kaïs Saïed craint l’unification de l’opposition et n’a pas intérêt à son unité contre lui.
Pour sa part, le militant de gauche Ezzeddine Hazgui, et père du leader au sein du front Jawher Ben Mbarek, affirme que la lutte contre la dictature est un long processus qui finira par la concrétisation et par la victoire de la démocratie. D’ailleurs, il précise dans le même sillage, que la mobilisation de centaine de milliers de citoyens pourrait se faire à travers le temps. « La popularité de Kaïs Saïed s’est dégradée et sa situation n’est plus confortable actuellement par rapport au 25 juillet 2021 », conclut-il.
Plusieurs partisans du Président de la République ont manifesté également, pour exprimer leur soutien au « processus d’assainissement », mené par le Chef d’Etat, en vue de lutter contre la corruption et préserver la sécurité de l’Etat.
Ils ont brandi le slogan « dégagez » à l’encontre des opposants, partisans du Front de salut.
Ainsi, les partisans de Kaïs Saïed se sont rassemblés à l’avenue Habib Bourguiba. Puis ils se sont déplacés devant le théâtre municipal, après que les protestataires partisans du Front de salut national se sont dispersés.
Des disputes et des altercations verbales entre les manifestants ont eu lieu. Ce qui a mené à l’intervention des forces de l’ordre, sans pour autant enregistrer des affrontements entre les deux parties.