Les réunions de printemps 2023 du Groupe de la Banque mondiale (GBM) et du Fonds monétaire international (FMI) se dérouleront, du lundi 10 avril au 16 avril, à Washington. Une délégation tunisienne y participera. Elle comprend le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abbasi et le ministre de l’Economie et de la planification, Samir Saïed.
La participation de la délégation Tunisienne ne manquera pas d’infuser un sang neuf dans les relations entre la Tunisie et les bailleurs de fonds internationaux. Ainsi que de favoriser la conclusion d’un accord financier avec le FMI. Un accord qui a suscité inquiétudes et appréhensions. En effet, la présidence de la République a déjà exprimé ses craintes quant à une éventuelle crise sociale qui peut être causée par cet accord, réitérant le refus de tout diktat de l’étranger par rapport aux réformes économiques structurelles exigées par le FMI, y compris la levée de la subvention des produits de base.
Le 6 avril, le président de la République, Kais Saied, avait indiqué, dans un discours prononcé à Monastir, à l’occasion de la commémoration du 23e anniversaire du décès du leader Habib Bourguiba que la Tunisie dispose de plusieurs ressources pour faire face aux défis économiques et sociaux actuels. « Le pays n’acceptera, en aucun cas, des diktats de l’étranger », a-t-il affirmé, appelant les Tunisiens à faire preuve de responsabilité et à préserver la paix sociale. Au cours des dernières années, les réunions du printemps, marquées par la participation de ministres des finances et des gouverneurs de banques centrales de 189 pays, ont été une occasion pour la Tunisie, de se rapprocher du cercle des bailleurs et présenter sa vision de réforme dans l’espoir de parvenir à des accords financiers. µ
Cette année, la Tunisie veillera à dynamiser l’accord financier avec le FMI bloqué, depuis plusieurs mois. A la confusion qui règne actuellement sur les scènes intérieure et extérieure à propos de la conclusion par la Tunisie d’un accord financier avec le Fonds monétaire international pour mobiliser 1,9 milliard de dinars, s’ajoute le programme de la participation de la délégation tunisienne aux réunions qui reste encore flou. Généralement les délégations des pays assistent à certaines sessions, outre les réunions parallèles.
En quête d’un accord
Le programme officiel des réunions ne prévoit aucune intervention de la délégation Tunisienne. Elle essayera, toutefois, de relancer les négociations ou de signer l’accord suspendu depuis que les services du FMI ont donné leur feu vert (fin 2022). Et ce au titre du mécanisme élargi de crédit. Réaliser cet objectif, ne manquera pas de donner un signe positif à la Tunisie qui a besoin de financements pour l’exécution de son budget 2023. D’ailleurs, le ministre de l’économie Samir Saïed a plusieurs fois insisté sur le fait que la relation entre la Tunisie, le FMI et les bailleurs de fonds se poursuivra malgré les difficultés rencontrées au niveau des négociations et de l’exécution de l’accord qui fait face à des réticences à l’intérieur du pays concernant, notamment, les points liés à la levée de la subvention des hydrocarbures et la réforme des entreprises publiques.
Le ministre de l’économie et le gouverneur de la BCT auront, également, la possibilité, au cours de ces réunions de lever toute confusion sur le dossier des migrants africains qui a provoqué, récemment, la polémique sur la scène tunisienne et internationale, et a causé la suspension temporaire des discussions sur le Cadre du partenariat pays de la Banque mondiale avec la Tunisie.
Toutefois, l’absence de la participation de la ministre tunisienne des Finances, Sihem Boughdiri Nemsia peut envoyer des messages négatifs. Vu l’importance de la présence du responsable du portefeuille des finances qui interagit directement avec les responsables du FMI. Et ce pour discuter des défis économiques auxquels le pays est confronté et des mesures nécessaires pour les traiter.
L’absence de la ministre des finances peut même saper la confiance du FMI. Elle peut saper , également, la confiance des partenaires internationaux concernant l’existence d’un consensus parmi les responsables du gouvernement Tunisien.
Plusieurs dossiers sur la table des discussions
Organisées au siège de la BM à Washington, les Réunions de printemps du FMI et du Groupe de la BM regrouperont un certain nombre de hauts dirigeants économiques mondiaux. Il s’agit notamment du président du Groupe de la BM, David Malpass, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, le président de Standard Chartered, Jose Vinals. Ainsi que des personnalités du monde des finances et des affaires.
Plusieurs sujets seront abordés lors de ce conclave, comme :
-« Redéfinir le développement et renforcer la résilience »;
-« Venir à bout de la dette et générer de la croissance »;
-« Gouverner efficacement dans l’adversité »;
-« Troisième table ronde ministérielle sur l’aide à l’Ukraine »;
-Et « Accélérer le développement en temps de crises ».
Tant de thématiques à aborder
Les dirigeants du monde entier et les experts discuteront, également, d’autres thématiques ; telles que :
-« Promouvoir la place des femmes dans l’entrepreneuriat et le leadership »;
-« Favoriser des chaînes d’approvisionnement durables et inclusives »;
-Et « Investir dans le capital humain pour accélérer la transition écologique ».
Le 13 avril 2023, le Président du Groupe de la BM, David Malpass fera le point sur l’action déployée par la BM pour intensifier rapidement son soutien aux pays en développement. Et ce face à des crises qui s’accumulent. Ces crises sont :
-La pandémie de COVID-19;
-L’invasion de l’Ukraine par la Russie;
-L’aggravation de l’insécurité alimentaire et des effets du changement climatique.
Malpass livrera, également, son point de vue sur les efforts que doit mener la communauté internationale. Et ce pour trouver des solutions aux défis mondiaux du développement, aujourd’hui, et à long terme.
Pour la Tunisie, la conclusion d’un accord avec le FMI reste tributaire de la concrétisation d’un nombre de conditions. Il s’agit notamment du lancement de réformes. Telles que la révision du système de subventions et la privatisation.
En se référant à l’accord préliminaire parvenu, en octobre 2022, entre la Tunisie et le FMI , les discussions devraient porter, lors de ces réunions, sur les moyens de mise en œuvre de cet accord. Ainsi que les progrès réalisés par la Tunisie pour résoudre ses problèmes économiques.
A la recherche de partenariats
Les réunions de printemps constituent une occasion importante pour discuter des défis économiques. La participation de la Tunisie demeure nécessaire. Et ce pour œuvrer à convaincre les partenaires internationaux de la nécessité de s’engager à résoudre les problèmes économiques du pays et permettre au pays de bénéficier des partenariats disponibles avec les acteurs économiques internationaux. Les participants à ces rencontres ambitionnent, en plus des discussions officielles avec des représentants du FMI ou de la BM , de nouer des partenariats pour financer des projets dans leur pays et obtenir une assistance technique. Les réunions de printemps du FMI et de la BM sont souvent l’occasion d’évoquer les défis économiques .
Avec TAP