Le Ministère des Finances vient de publier les résultats provisoires de l’exécution du Budget pour les deux premiers mois de 2023. Le solde positif affiché n’est absolument pas une surprise. Il est attendu.
Le calcul du solde du budget ne tient pas compte des remboursements du principal de la dette, qu’elle soit en dinar ou en devises. Ce n’est pas une invention tunisienne, mais un principe universel. Seuls les intérêts sont intégrés dans les dépenses.
Encore plus de recettes fiscales
Jusqu’à fin février 2023, les recettes fiscales se sont établies à 5 978,6 MTND, une progression de 12,7% en glissement annuel. C’est un taux de réalisation de 14,7% par rapport aux objectifs de la Loi des Finances 2023, un rythme en ligne avec les moyennes historiques.
L’impôt sur le revenu a permis des encaissements de 2 040,7 MTND, une hausse de 12,4% par rapport à la période en 2022. Quant à l’impôt sur les sociétés, 249,1 MTND ont été encaissés.
Pour cette rubrique, les montants les plus significatifs seront encaissé au mois de mars et avril, période durant laquelle les poids lourds de l’économie, soumises à une imposition à 35%, déposeront leurs bilans.
Au vu de bénéfices 2022 record, il est attendu que les objectifs tracés seraient dépassés d’ici la fin de l’année.
En matière d’impôts indirects, 3 688,8 MTND ont été perçus, une nette amélioration de 14,3% en rythme annuel. La TVA reste la principale source de revenus pour l’Etat, totalisant 1 760,6 MTND. Les droits de consommation et les droits de douanes ont, respectivement, drainé 664,9 MTND et 264,7 MTND.
Les redevances du Gazoduc remplacent les dettes extérieures
Les recettes ont plus que doublé sur la période, passant de 258,8 MTND fin février 2022 à 683,7 MTND cette année. Deux éléments ont fait la différence.
Le premier est l’encaissement de 359,1 MTND de redevances du Gazoduc algérien. D’habitude, le règlement intervient en fin d’année. Mais en raison de la non-disponibilité de ressources de financement, il est clair que la Tunisie a recouru à ces revenus. Et ce pour combler partiellement le manque des rentrées en devises.
Le second est les revenus des participations, déjà à 152,3 MTND. Nous pensons que pour cette année, l’Etat tentera de récupérer le maximum de dividendes des entreprises publiques qui ont un niveau confortable de fonds propres.
En tout, les recettes propres des deux premiers mois étaient de 6 662,3 MTND en hausse de 19,7%. A noter que la Tunisie n’a encaissé aucun don durant la période.
Masse salariale maitrisée, pas les subventions
Le poste des rémunérations reste le plus important, à 3 599,5 MTND, une hausse de 7,2% par rapport à 2022. L’Etat paie une masse salariale brute moyenne de 1 799,7 MTND. Ce chiffre sera revu à la hausse dès l’entrée en vigueur des nouvelles revalorisations. Pour rappel, la moyenne mensuelle selon la Loi des Finances est de 1 897,7 MTND.
Les dépenses d’interventions et de transfert ont totalisé 1 002,1 MTND, une hausse de 16,6% en glissement annuel. Les subventions ont absorbé 781,5 MTND en deux mois, dont 20,9 MTND pour les produits de base, 603,6 MTND pour les carburants et 157 MTND pour les sociétés de transport.
Notons que l’investissement public s’est établi à 359,1 MTND, en progression de 10,2%, mais toujours à des niveaux faibles par rapport aux besoins réels de l’économie.
En tout, les dépenses des deux premiers mois 2023 étaient de 5 985,1 MTND. Cela nous donne un solde budgétaire (hors privatisations, dons et revenus de confiscation) de 677,2 MTND.
Désendettement net
En matière d’endettement, la Tunisie a respecté ses engagements extérieurs, payant 595,7 MTND de principal sur la période. Toutefois, elle n’a pu encaisser que 264,8 MTND. L’appui budgétaire s’est limité à 38,1 MTND, presque intégralement obtenu auprès de l’Agence Française de Développement. Le Trésor s’est désendetté de 330,9 MTND.
Idem pour la dette en dinar, avec un financement intérieur net de -346,3 MTND. L’encours de la dette publique, fin février 2023, s’est établi à 117 157. La part de la dette externe s’élève à 56,7% (66 385,9 MTND), celle de la dette interne à 43,3% (50 771,3 MTND). Elle continue à être principalement labélisée en euro (59,8%). Et ce contre 24,9% en dollar américain et 8,1% en yen.
En dépit de toutes les difficultés, l’exercice budgétaire a été bien négocié jusqu’à aujourd’hui. Toutefois, ce n’est que le début. La Tunisie a rarement montré des difficultés budgétaires au cours des premiers mois de l’année. Il faut impérativement trouver des relais de financements extérieurs pour éviter un dérapage au niveau de la balance des paiements.