Le 25 avril, la décision de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) prise en octobre 2022, qui interdit à la France d’exporter sa production céréalière hors des pays de l’Union européenne, entrera en vigueur.
La France ne pourra plus exporter ses céréales à partir du 25 avril. Une interdiction due à une décision de l’ANSES, l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments.
En effet, a décision de l’ANSES a été prise le 26 octobre 2022 d’interdire la phosphine. La phosphine est un gaz très toxique. Il est principalement utilisé comme fumigeant pour le traitement des denrées stockées et pour le traitement biocide de divers matériaux.
Ainsi, en cas d’inhalation, ce gaz de phosphure d’aluminium peut provoquer des troubles neurologiques ou respiratoires.
Cet insecticide est utilisé par fumigation à partir de pastilles. Il permet de traiter les cargaisons de céréales dans les cales des navires pour éviter la prolifération des insectes.
Le produit pesticide doit être interdit en France, surtout s’il entre en contact direct avec des céréales, à partir du 25 avril.
Quelles conséquences ?
L’interdiction d’un insecticide toxique est plutôt une bonne nouvelle. Mais elle se traduira de facto par une interdiction d’exportation des céréales françaises hors de l’Union européenne.
Car, la fumigation à la phosphine est obligatoire dans de nombreux pays lors de la livraison des céréales pour empêcher les insectes de se propager vers les pays importateurs. Et notamment en Afrique du Nord, l’un des principaux clients de la France en matière de céréales.
Si la fumigation n’est pas effectuée, les pays sont obligés de refuser la marchandise : celle-ci doit impérativement retourner à l’expéditeur et ne peut être livrée en toute sécurité.
L’interdiction concernerait quelque 11,5 millions de tonnes de céréales par an
Cette interdiction aurait pour conséquences de ne pas pouvoir exporter vers certaines zones dont le Maghreb, l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient ou encore l’Asie. Et elle concernerait quelque 11,5 millions de tonnes de céréales par an. Un chiffre non négligeable qui équivaudrait à 3,8 milliards d’euros comme le rapporte le journal français L’Opinion.
Cette interdiction ne concerne que la France : la plupart des pays européens autorisent l’utilisation de cet insecticide. Cela entraînera donc des pénuries alimentaires dans les pays qui importent ces céréales, principalement du blé.
Éric Thirouin, président des producteurs français de blé et de céréales explique que sinon c’est la Russie qui approvisionnera ces pays, comme le rapporte Le Figaro.
Une éventuelle modification de la disposition?
Reste la possibilité que ces exportations ne soient pas interdites : Elisabeth Borne, la Première ministre pourrait ainsi demander à l’ANSES d’ajouter une mention spéciale aux exportations. Et ce, pour permettre l’autorisation du traitement par fumigation des marchandises dans un pays qui en fait la demande.
Par ailleurs, selon TF1Info, elle pourrait proposer de suivre la législation européenne, qui autoriserait ainsi l’exportation de céréales. En n’appliquant pas les limites maximales de résidus de marchandises destinées à l’exportation vers un pays exigeant le traitement nocif.
Sinon, il existe une méthode, dite de « la chaussette », qui pourrait permettre de contourner l’ordonnance d’interdiction. Mais la cale doit être traitée une fois que les marchandises ont été dédouanées. Un procédé qui est rejeté par la plupart des pays car le risque de pollution pour l’environnement est important. Mais cela pourrait être une solution pour livrer des céréales aux pays importateurs. Une affaire à suivre.