Que faut-il penser de la fuite des médecins? Qui sont ils? Au cours de l’année 2021, nous comptons 10 47 nouvelles inscriptions au tableau de l’ordre des médecins, alors qu’au cours de la même année le nombre de médecins tunisiens qui ont préparé un dossier de départ à l’étranger a été de 975. C’est ce qu’a révélé en partie l’étude de Sigma Conseil ayant pour thème « La Santé des Tunisiens en question ».
L’étude a révélé que le nombre de médecins anesthésistes réanimateurs Tunisiens en France a dépassé les 500 alors qu’ils ne sont que 380 en Tunisie. Cela veut dire que le nombre de médecins installés en Tunisie évolue très lentement.
Pour la simple raison est que le pays a du mal à garder ses compétences. Une chose est sûre est que l’une des principales causes est liée aux conditions de travail, mais aussi à l’environnement social et au manque de perspectives claires pour certains. Ce qui a conduit à des départs massifs les dernières années.
Même si pour certains le départ est compréhensible cela n’empêche qu’il est, on ne peut plus nécessaire de faire une vraie réforme qui tient compte des raisons qui sont à l’origine de l’insatisfaction des médecins et de l’insatisfaction du citoyen aussi. C’est ce qu’a fait savoir Nazih Zghal, ancien secrétaire général du
Conseil d’Ordre national des médecins et cardiologue.
Selon lui, sur l’ensemble de ceux qui envisagent le départ à l’étranger une partie non négligeable ne quitte pas pour des raisons multiples et variées telle que la difficulté que trouvent les médecins à démissionner de la fonction publique, le taux de réussite relativement faible à l’examen de validation des connaissances en France par exemple. Etc…
Il précise à cet effet: « Il est à noter aussi qu’il y a un gap énorme entre le nombre de médecins inscrits au tableau de l’ordre qui dépasse 25000 médecins en 2021 et le nombre déclaré de médecins en exercice. Ce gap est dû à un manque de fiabilité des données publiées par le conseil de l’ordre et repris par le ministère de la santé concernant les médecins en exercice dans le secteur public entre autres. En effet, dans la mesure où un médecin ne peut exercer dans le secteur privé qu’après autorisation du conseil de l’ordre des médecins, le nombre de médecin en exercice dans le secteur privé ne peut être que exacte. Par contre, les médecins exerçant dans le secteur public ne sont pas systématiquement déclarés au conseil de l’ordre, ni ceux travaillant au profit de l’industrie pharmaceutique et encore moins ceux décédés. De ce fait, concernant le nombre de médecins exerçant dans le secteur public, la seule référence méthodologiquement fiable serait les données publiées issues de la base de données de la direction des ressources humaines du ministère de la santé qui ne semble pas être le cas de la carte sanitaire de 2021. »
Il est de ce fait important que la collaboration entre la direction des études et de la planification et le conseil de l’ordre soit synergique et que chaque instance apporte les données les plus fiables pour que la carte sanitaire soit incontestable et source clé d’une planification rigoureuse.
Avant de poursuivre: « Au temps de l’ancien ministre de la Santé Mohamed Salah Ben Ammar un projet de création de l’observatoire de la démographie du personnel de santé en Tunisie a été lancé. Un projet de décret de création a été rédigé mais nous n’avons pas vu la suite. On ne peut pas parler de projet national de santé sans données fiables au niveau des ressources humaines et sans une projection sur les 5 et 10 années qui arrivent. Et ce qu’on est en train de faire c’est naviguer ni carte ni boussole. »