Un service public en panne de moyens financiers. Des entreprises publiques qui croulent sous des déficits colossaux et des dettes non soutenables, hypothéquant ainsi la santé des finances publiques. Et la symphonie, « faire des coupes dans les dépenses d’investissement est la meilleure variable d’ajustement pour le bouclage de l’exercice budgétaire », se joue lors de chaque loi de finances. La chute du budget alloué à la maintenance des équipements et des réseaux se paye cash, sous forme de coupures d’électricité et d’eau.
Un service public transformé en arène du combat syndical. Des mots d’ordre de grève dans le secteur public captés par les familles tunisiennes comme des spots publicitaires pour le secteur privé (éducation, santé).
Bref, un service public qui n’est plus au service du public. Le retard encaissé dans la marche vers la « durabilité » amplifie sa non-résilience aux changements climatiques, creusant davantage les sources de vulnérabilités sociales et économiques.
Ce sont ces changements climatiques et plus précisément les évènements extrêmes (inondations, sècheresses…) qui ont dévoilé le vrai visage de la qualité des services publics. La dégradation de la qualité de vie dans les villes nous offre le bon exemple.
Il est extrêmement urgent de réfléchir sur la notion de « ville durable » qui est « une ville économiquement viable, socialement vivable et respectueuse de l’environnement » (Boyer et Tommasi, 2018). La ville durable se caractérise par une conservation des eaux pluviales et une amélioration de la gestion des eaux usées ; des déplacements sans voiture plus faciles ; des stations de recharge pour les véhicules électriques ; un verdissement de l’architecture… Malheureusement, un simple regard sur les villes tunisiennes nous confirme que le projecteur des décideurs n’est pas encore braqué sur ce type de priorités.
Un cocktail de stress des finances publiques, d’instabilité politique et d’absence de vision prive le poli[1]cy-maker de porter son regard au-delà du bouclage de l’exercice budgétaire de l’année.
Or, comment peut-on espérer qu’il pense à la « ville durable » lorsqu’il est en permanence sur un siège éjectable ?
Par Moez Labidi
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin N° 867 – du 12 au 26 avril 2023