Pour répondre à l’appel du peuple tunisien qui réclame justice, l’arrestation de Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste Ennahdha, était d’une nécessité absolue.
En effet, nous sommes très nombreux à considérer Rached Ghannouchi comme premier responsable des crimes politiques de Chokri Belaïd et de Haj Mohamed Brahmi. Des crimes terroristes de militaires et de sécuritaires tunisiens. Des crimes terroristes de touristes dans un hôtel à Sousse ainsi qu’au Musée du Bardo. Tous, des crimes qui portent la signature des mouvements islamistes et qui demandent justice.
Nous le considérons premier responsable du financement illégal d’Ennahdha à travers une multitude d’associations qui recevaient de l’argent de l’étranger. Par voie de conséquence, nous le considérons responsable de la manipulation des élections par de biais de l’achat des voix des Tunisiens déshérités et donc facilement manipulables.
Nous le considérons premier responsable de l’envoi de nos jeunes en Syrie. Et même si ces jeunes étaient partis de leur plein gré en toute connaissance de cause, les lois républicaines tunisiennes ne peuvent en aucun cas permettre un tel envoi. Raison pour laquelle ils ont été faits en cachette et en toute illégalité.
Nous le considérons en partie responsable du naufrage de centaines de jeunes en Méditerranée. Des jeunes qui sont à l’origine de la révolution et qui lui ont donc permis d’accéder au pouvoir. Mais par déception et par désespoir de cause, ne voyant aucun avenir se tracer dans leur horizon, ils ont fini par prendre le risque de traverser la Méditerranée dans l’espoir d’un avenir meilleur et surtout plus équitable sous d’autres cieux.
En tant que leader absolu d’Ennahdha, parti majoritaire à l’époque, nous considérons son gouvernement responsable des violences policières à Siliana. Tout comme nous le considérons responsable de l’attaque de l´Ambassade des États-Unis d’Amérique ainsi que de l’école américaine en Tunisie.
Toujours en tant que parti majoritaire, nous considérons son gouvernement responsable de la mauvaise gouvernance de l’Etat; ainsi que de la gestion économique et financière de notre pays. Ce qui a induit l’endettement de plusieurs générations futures.
Nous le considérons responsable d’avoir instrumentalisé une partie de la police ainsi que de la justice au profit d’Ennahdha à travers des pressions morales, politiques et financières.
Nous le considérons comme seul et unique responsable de la très mauvaise gouvernance de l’ARP. Si mauvaise que les députés en sont arrivés à transformer le parlement en une arène de combat. Si mauvaise qu’à travers le tourisme parlementaire qu’il a soutenu, il a carrément transformé l’ARP en outil dictatorial. De l’institution de la Présidence, la dictature est passée à l’institution du Parlement.
Enfin, nous le considérons responsable de vouloir pousser à un soulèvement populaire, voire à une guerre civile. Et ce, afin d’essayer de récupérer un pouvoir qu’il a eu entre les mains, mais qu’il a échoué à garder.
Ceci dit, une partie de ses responsabilités n’incombe pas seulement à sa personne en tant que leader; mais aussi à tout un environnement politique, social, économique et humain qui par sa faiblesse a permis ce type de dérives.
Par contre ce qui incombe à sa personne en tant que leader politique islamiste, c’est une vision rétrograde, mais surtout manipulatrice de la religion. Une vision qui repose sur le sacré et permet donc aux islamistes de se défendre sous couvert des libertés de conscience, de penser et d’exister sur la scène politique.
Et même si, en tant que simples citoyens, nous ne détenons pas les preuves nécessaires de sa culpabilité directe pour tous ces crimes accumulés envers les Tunisiens et la Tunisie, arrêter Ghannouchi était d’une nécessité absolue. D’autant que nous nous trouvons encore en situation d’état d’urgence qui permet son arrestation.
Maintenant, pour ne pas sombrer dans un populisme primaire, il revient à tout l’appareil étatique d’établir la vérité et d’apporter les preuves des accusations que nous lui portons. Car tout citoyen, aussi criminel puisse-t-il être, a droit à un procès équitable.
N’oublions jamais que les islamistes sont en majeur partie le produit de dictatures injustes au sein de masses incultes. Lorsqu’on y rajoute la pauvreté, c’est carrément la voie au terrorisme qui se trace d’elle-même.
Aujourd’hui, et au vu d’une dizaine d’années d’expérience avec les islamistes au pouvoir, l’arrestation de Ghannouchi est loin d’être suffisante pour éradiquer cet esprit rétrograde. J’estime qu’il devient urgent de penser à interdire par la force de la loi la création de partis politiques « religieux ».
En effet, leurs leaders ont bien prouvé qu’ils sont loin de vouloir s’inspirer des belles morales religieuses. Mais ils cherchent plutôt à acquérir le pouvoir en manipulant les masses incultes. Lors de leurs campagnes électorales, nous avions bien vu des banderoles qui annonçaient « Voter Ennahdha vous mènera au paradis ».
Encore plus nécessaire et urgent est d’assainir la justice tunisienne. Et ce, afin d’aboutir à une justice incorruptible, équitable et indépendante.
En effet face à un pouvoir injuste, l’on ressent la justice divine comme le seul et dernier recours. Ceci favorise les partis religieux qui se présentent comme représentants de Dieu et donc comme les vrais justiciers sur terre.
Enfin, sortir de la misère intellectuelle et financière, en favorisant l’accès à une meilleure éducation et en favorisant l’accès à un niveau de vie plus décent, serait le meilleur rempart contre toute manipulation religieuse.
En attendant d’y arriver, tout parti religieux doit être interdit par la loi. Ils sont non seulement source de corruption morale, mais ils ternissent carrément notre religion.