Le gouvernement du régime égyptien a continué de resserrer les procédures et de publier de nouvelles décisions sur le commerce du blé local avec le début de la saison des récoltes à la mi-avril. Et ce, pour obliger les agriculteurs à en fournir les plus grandes quantités à la SCA, l’Autorité générale pour l’approvisionnement en produits de base. Et ce, afin de sécuriser la réserve stratégique.
Le ministère de l’approvisionnement a interdit hier le commerce du blé local issu de la saison de récolte 2023 d’un endroit à un autre sans l’approbation de sa direction de l’approvisionnement. Et ce, dans le but d’empêcher le commerce du blé entre les moulins du secteur privé.
Pour la première fois, la décision mettait en garde les propriétaires d’exploitations piscicoles et les responsables de leur gestion contre l’acquisition de blé local ou son utilisation pour l’alimentation animale.
A cet égard, notons que l’Egypte souffre d’une crise sans précédent de pénurie de fourrage pour la volaille et le bétail. Et ce, en raison de la pénurie de dollars sur les marchés. Ce qui a conduit à doubler ses prix par rapport aux prix internationaux et a incité certaines usines à utiliser le blé, moins cher, dans l’industrie de l’alimentation animale.
La décision du ministère égyptien de l’approvisionnement ordonne également aux propriétaires de moulins du secteur privé qui produisent de la farine gratuite de gérer leurs besoins en blé importé. De même qu’il leur est interdit d’utiliser du blé local pendant la saison de commercialisation; sauf avec un permis du ministère de l’approvisionnement.
Durcissement des procédures
Le gouvernement égyptien espère ainsi collecter la plus grande quantité de blé, dépassant 50 % de la production des agriculteurs. Objectif : éviter de ne pas collecter les quantités ciblées. Comme cela s’était produit l’année dernière lorsqu’il avait collecté quatre millions de tonnes; contre six millions de tonnes de blé. Et ce, en raison de la réticence des paysans à vendre du blé à l’État en raison des prix bas.
La superficie cultivée en blé au cours de l’année en cours, selon certaines estimations du gouvernement, est de quatre millions d’acres. Et le rendement moyen d’un acre est de trois tonnes. Ce qui porte le total entre 10 millions de tonnes et 12 millions de tonnes. Soit environ 15 % de plus que la production de l’an dernier et près de 60 % des besoins locaux.
Les décisions du gouvernement égyptien, selon des spécialistes et des agriculteurs, interviennent après avoir rencontré des difficultés à importer du blé, en raison de la guerre en Europe de l’Est. Ainsi, l’Egypte est la plus grande importatrice de blé au monde. En effet, elle y obtient environ 80 % de ses importations avec 50 % de la Russie et 30 % d’Ukraine. Ce qui l’a obligée à se diriger vers de nouveaux marchés à des prix plus élevés pour augmenter ses réserves afin de fournir le pain qu’elle dépense en cartes de rationnement.
Difficultés à importer du blé
L’Égypte importe environ 12 millions de tonnes de blé par an (gouvernemental et privé) et en consomme environ 20 millions de tonnes. Sachant qu’environ neuf millions de tonnes sont affectés à la production de pain subventionné qui est dépensé sur des cartes de rationnement pour produire environ 270 millions de pains par jour.
La facture des importations de blé de l’étranger s’élève à 4 milliards de dollars; contre 3 milliards de dollars avant la guerre russo-ukrainienne. Au niveau local, le ministère des Finances a alloué 45 milliards de livres (1,45 milliard de dollars au taux de la banque centrale) à acheter du blé local aux agriculteurs pendant la saison de cette année.
Le blé local, qui représente environ 45 % des besoins en blé du pays, contribue cependant à réduire la facture des importations et à éviter l’épuisement des devises. En plus d’être de meilleure qualité que celui importé. Il permet de fournir une miche de pain sur les cartes de rationnement qui profitent à environ 71 millions de citoyens.