La Chine sera le principal contributeur à la croissance mondiale au cours des cinq prochaines années, sa part devant être deux fois plus importante que celle des États-Unis, selon le Fonds monétaire international (FMI).
La part de la Chine dans l’expansion du PIB mondial devrait représenter 22,6 % de la croissance mondiale totale jusqu’en 2028, selon les calculs de Bloomberg basés sur les données publiées par le Fonds dans ses perspectives de l’économie mondiale publiées il y a deux semaines. L’Inde suit avec 12,9 %, tandis que les États-Unis contribueront à hauteur de 11,3 %.
Géographie de la croissance
Le FMI prévoit une croissance de 3 % pour l’économie mondiale au cours de la prochaine moitié de la décennie, affectée par la hausse des taux d’intérêt. Les perspectives pour les cinq prochaines années sont les plus faibles depuis plus de 30 ans. Le prêteur d’urgence exhorte les pays à éviter la fragmentation économique causée par les tensions géopolitiques et à prendre des mesures pour soutenir la productivité.
Au total, 75 % de la croissance mondiale devrait être concentrée dans 20 pays, et plus de la moitié dans la Chine, l’Inde, les États-Unis et l’Indonésie. Alors que les pays du G7 représenteront une part moins importante, l’Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni et la France figurent parmi les dix premiers contributeurs.
Le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine et l’Afrique du Sud, connus sous l’acronyme BRICS, devraient représenter près de 40 % de la croissance mondiale jusqu’en 2028. A noter que l’expansion sud-africaine devrait être anémique au cours des cinq prochaines années, ajoutant environ un demi-point de pourcentage au total mondial.
Poids lourds au monde, poids légers en Tunisie
Paradoxalement, les locomotives asiatiques et sud-américaines de la croissance mondiale ne figurent pas parmi les principaux partenaires de la Tunisie. Nos échanges avec elles sont très limités et nous n’avons pas d’accès à leur marché.
Pour le Top 10 des contributeurs, qui représentent 61,4 % de la croissance, nous avons exportés des marchandises d’environ 11 milliards de dinars en 2022, soit un peu plus 20 % de nos ventes en devises. Avec une telle structure, il ne faut pas espérer un rythme plus élevé de création de valeur ajoutée que celui actuel. Nous allons même perdre de la vitesse.
Les voix qui se sont élevées récemment, réclamant un rapprochement avec les BRICS ont du sens. Néanmoins, il faut comprendre que le partenariat avec l’UE est vital pour la Tunisie. Ce bloc économique absorbe environ 62 % de nos exportations, et nos échanges affichent un excédent de près de 2 milliards de dinars en 2022. Réclamer un détachement des Européens n’a aucun sens. Nous devons le renforcer et augmenter notre part de marché qui ne cesse de s’effriter. Ce sont des partenaires naturels et les principaux investisseurs étrangers dans notre pays.
Investir massivement dans la logistique
Ce qu’il faut faire, c’est plutôt se diversifier. Cela passe en premier lieu par se doter des moyens logistiques pour assurer des flux commerciaux stables avec des pays comme les géants asiatiques. Aujourd’hui, nous n’avons même pas de liaisons aériennes directes avec eux.
Il convient aussi de repenser notre offre. Ce sont des nations qui disposent des meilleurs taux de productivité industrielle au monde, et nous ne pouvons pas être compétitifs que dans l’agriculture et le service. Nous avons des niches à exploiter. Elles sont rentables car elles s’adressent à près de la moitié de la population mondiale.
Tout cela ne peut se réaliser que progressivement. Plus nous commençons tôt, plus nous pourrons récolter les résultats rapidement. L’Etat, seul, ne pourra jamais concrétiser ce potentiel. Ouvrir l’économie aux acteurs privés, locaux et étrangers, pour investir dans les infrastructures est primordial. C’est primordial si nous voulons passer le cap. A bon entendeur.