Alors que le 1er mai frappe à la porte, nous ne pouvons ignorer la situation des ouvrières agricoles tristement connues pour leur vulnérabilité.
Le Forum tunisien des droits économiques ( FTDES) a réalisé une étude sur le sujet. Les résultats sont alarmants. L’accès des ouvrières agricoles à la propriété est seulement de 8% alors qu’elles sont touts « actives ». Par ailleurs, les hommes agriculteurs ont une situation stable. Tandis que les femmes représentent 62% de la Main-d’œuvre « temporaire ».
Selon la même étude, dans la saison 2017-2018 63% des femmes représentaient la main d’œuvre temporaire, une situation précaire qui ne peut que fragiliser leurs situations. Les hommes ont accès aux richesses de l’agriculture sans avoir à travailler. Ainsi, ils peuvent s’ouvrir à d’autres horizons. A contrario, les femmes ne peuvent pas le faire et certaines d’entre elles sont même analphabètes.
Les chiffres obtenus par les statistiques du FTDES sont différents de ceux de l’État. En effet, le gouvernement ne fait pas de recensement régulier de l’évolution du domaine de l’agriculture. Il y a seulement 10 % d’hommes du total d’agriculteurs. Cette minorité détient le rôle de « chef ».
L’instabilité financière des conjoints de ces femmes empire la situation. En effet, 58 % d’entre eux ont un travail instable et 20% sont au chômage. Certaines des ouvrières sont diplômées. Le FTDES a présenté le cas de Jamila, une diplômée, qui a dû choisir entre travailler dans un jardin d’enfants pour un salaire de 200 dinars ou dans l’agriculture pour 300 dinars. Elle est donc devenue agricultrice d’autant plus qu’elle a fondé une famille.
Cependant, 49% des ouvrières agricoles n’ont pas dépassé le niveau primaire. Ceci n’est pas seulement du à la distance entre leurs maisons et l’école ou il n’y a parfois même pas d’enseignants, la pauvreté, le mauvais état de l’infrastructure …
La féminisation du travail agricole
Le fait que les ouvrières agricoles n’aient pas fait d’études est aussi du au patriarcat qui considère que la place de la femme est à la maison. Parmi les 8% des filles ayant moins de 18 ans qui ont été interrogées, 90% sont juste allées à l’école primaire ou au collège. Ceci est dû selon leurs dires au manque de moyens financiers ou à la distance entre les établissements scolaires et la maison. La peur du monde extérieur et la présence des hommes dans les bus est donc une raison supplémentaire au problème évoqué.
61% ouvrières agricoles ont entre 40 et 60 ans. Les plus âgées d’entre elles qui continuent à travailler ont en général un mari qui ne peut plus exercer un travail à cause de son âge avancé. Il s’agit du résultat des mariages forcés de jeunes filles à des hommes beaucoup plus âgés qu’elles.
Les femmes subissent une autre violence économique à cause de l’intermédiaire qui leur fait payer le fait qu’il est en train de les transporter. Il leur impose de lui donner entre 3 et 5 dinars de leur paiement quotidien. L’État est démissionnaire malgré l’existence du code de travail.
La société civile recommande des solutions liées les unes aux autres. Le FTDES en cite le renforcement des capacités des ouvrières agricoles en les accompagnant et en leur apprenant à négocier et en les habilitant des mécanismes juridiques nationaux et internationaux qui pourraient les aider à gagner leurs droits et se défendre contre toute forme d’abus.