À quelques jours de l’élection présidentielle en Turquie, les interrogations autour de la santé du président turc Recep Tayyip Erdoğan sont de plus en plus insistantes. Alors « virus intestinal » d’après la version officielle ou « crise cardiaque » selon les rumeurs? Et quelles seront les conséquences sur le prochain scrutin qui s’annonce très serré?
Comme le dit un proverbe français : « Pour allumer une querelle, un démenti vaut un soufflet ». Il a fallu que la présidence turque apporte un démenti aux rumeurs propagées par une chaîne de télévision étatique chinoise- selon lesquelles le président Recep Tayyip Erdoğan aurait subit une crise cardiaque, serait hospitalisé, sa famille appelée précipitamment à son chevet- pour que la toile s’enflamme en Turquie et dans le monde.
« Les allégations selon lesquelles le président de la République aurait subi une crise cardiaque et aurait été hospitalisé ne sont pas exactes ». C’est ce que vient de publier une source officielle à Ankara, à prendre avec beaucoup de pincettes par manque de transparence et qui n’a pas pour autant dissiper toutes les interrogations sur son état de santé. Cela vient s’ajouter à la rumeur qui prétendait que le chef de l’Etat était atteint d’un cancer de l’estomac après une opération à l’intestin, il y a plus de 10 ans. Sans omettre des affirmations tout aussi fantaisistes qui font état d’un possible empoisonnement par la Russie.
Petite santé
Il convient de rappeler à ce propos que selon des indiscrétions qui bruissent à Ankara, l’homme fort de la Turquie serait diabétique, épileptique et sujet à des chutes brutales de tension. En 2006, paraît-il, ses gardes du corps avaient dû casser les vitres de sa voiture en empruntant une masse à des ouvriers sur un chantier, alors qu’il s’était évanoui à l’intérieur, à la suite d’une crise d’hypoglycémie, en plein jeûne du ramadan.
Néanmoins, les spéculations sur l’état de santé du chef d l’Etat turc semblent bien légitimes du fait que les élections présidentielles turques auront lieu dans quelques jours, précisément le 14 mai 2023, en même temps que les élections législatives. Et ce, afin d’élire le président de la République de Turquie pour un mandat de cinq ans.
Fait troublant : le président sortant Recep Tayyip Erdoğan, 69 ans, qui est candidat à sa réélection en dépit de la limite à deux mandats présidentiels inscrite dans la constitution, a dû mettre sa campagne en suspens en raison d’un problème de santé. Le chef de l’État a été victime d’un « virus intestinal ». Il a même dû la semaine écoulée interrompre une interview télévisée et a annuler tous ses déplacements. Alors même que son adversaire Kemal Kılıçdaroglu, donné favori dans les sondages, multiplie les meetings à travers la Turquie ces dernières semaines.
Malaise en direct
En effet, et à la surprise des téléspectateurs et en pleine intervention en direct sur plusieurs chaînes de télévision, Erdoğan s’est vu interrompu par une publicité. Le visage gris, les traits tirés, visiblement épuisé, le chef de l’Etat est revenu à l’antenne un quart d’heure plus tard pour expliquer qu’il avait attrapé une « grippe intestinale » à cause d’un « programme de campagne très chargé ».
Ayant par la suite pris la décision de mettre fin à ses déplacements, il s’est vu contraint d’annuler sa présence à l’inauguration du premier réacteur de la centrale nucléaire construite par la Russie, pour écouter un message par visioconférence du président russe, Vladimir Poutine.
Un scrutin très serré
Rappelons que les ennuis de santé du président turc qui brigue un troisième mandat, tombent au pire moment. Car, il sera confronté lors de ce scrutin le plus périlleux pour lui en vingt années de pouvoir, à une opposition unie derrière un seul candidat à l’élection présidentielle et aux législatives, Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans. Lequel s’engage pour la première fois dans la bataille présidentielle à la tête du CHP, le Parti républicain du peuple fondé par Atatürk. Et qui se targue d’être l’architecte de la conquête de toutes les grandes villes turques, y compris Istanbul et Ankara lors des municipales de 2019.
En dépit de ses ennuis de santé, le président sortant au pouvoir depuis 2014 réussira-t-il à décrocher un troisième mandat consécutif à la tête de la Turquie?
Cette élection, annoncée comme très serrée selon les sondages, départagera une politique hyper présidentialiste, autocratique et teinté d’une religiosité d’un autre âge à celle de la promesse d’un virage laïque et démocratique. Ce sera aux 64 millions d’électeurs turcs de choisir.