Le pèlerinage de la Ghriba est un moment fort pour les concitoyens de confession juive ayant quitté la Tunisie à différentes phases de l’histoire moderne. En effet, une grande partie d’entre eux demeurent nostalgiques.
Elyes Kasri, ancien ambassadeur et analyste politique, rappelle, via son post Facebook, que la religion juive était présente en Tunisie bien avant la conquête islamique et que la Tunisie s’est illustrée par ses hommes de religion comme Mehrez Ibn Khalaf et ses souverains comme Moncef Bey et Bourguiba par leur respect de tous les citoyens tunisiens, y compris ceux de confession juive, malgré les menaces que faisait peser cette bienveillance envers des citoyens tunisiens qui ne pouvaient être discriminés à cause de leur religion.
« Aimer la Tunisie et en garder la nostalgie est un bien précieux »
Il estime qu' »aimer la Tunisie et en garder la nostalgie est un bien précieux à cultiver et à encourager, car la paix viendra tôt ou tard au Moyen-Orient non par l’exclusion mutuelle mais probablement, faut-il encore l’espérer, par le souvenir d’un passé commun qui peut être un gage d’un avenir pacifique et harmonieux pour tous ».
Il part du constat de ce qui a été évoqué lors d’une conférence organisée vers 1999 sur l’histoire de la communauté juive tunisienne avec des historiens tunisiens qui ont défendu l’histoire et l’honneur de la Tunisie face aux révisionnistes dont certains caressaient à l’époque le rêve de constituer un dossier sur les biens juifs prétendument spoliés en Tunisie.
« Le respect de la différence et l’égalité de tous devant l’histoire et la loi »
De ce fait, il précise: « On peut ne pas partager toutes les idées et thèses du doyen Habib Kazdaghli, mais je me permettrai de croire que lui-même et ses collègues ont eu le courage de braver les rejectionnistes de tout bord pour sauvegarder l’histoire et des témoignages de ce qu’il y a de plus noble en Tunisie et que nous devons remettre à l’ordre du jour et au sommet de nos principes, à savoir le respect de la différence et l’égalité de tous devant l’histoire et la loi ».
Et de conclure: « Ce témoignage n’est pas celui d’un idéaliste mais d’un diplomate de carrière qui a suivi de près les relations internationales et le processus de paix au Moyen-Orient avec toutes ses vicissitudes et déceptions sur plusieurs décennies et se rappelle le rôle discret mais, à certaines phases, crucial de la Tunisie aux côtés de nos frères palestiniens, notamment pour faire de la nostalgie de la Tunisie chez de nombreux Israéliens d’origine tunisienne un facteur de réconciliation, de justice et de paix. Le chemin de la paix reste encore long, mais la haine aveugle et le rejet systématique de l’autre ne peuvent que le prolonger ».