Les roses de Kairouan s’imposent sur le marché national et prochainement sur le marché international. Il faut vraiment le croire, la production de la rose est en croissance.
Le 4 mai 2023, une journée a été organisée à Kairouan sur le thème « La rose de Kairouan, un produit du terroir emblématique ». Et ce, dans le but de promouvoir ce produit phare. L’événement avait pour objectif de faire découvrir Kairouan comme l’une des principales zones de production de la « rose de Damas » en Tunisie, mais aussi de promouvoir davantage les roses de Kairouan réputées pour leur parfum envoûtant et plébiscitées par les parfumeurs.
Cette journée a été organisée dans le cadre du projet Pampat, mis en œuvre par l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel-Onudi et financé par le secrétariat d’Etat à l’Economie de la Confédération suisse-SECO dont la DGPA est partenaire principale.
Selon les données de la Direction générale de la production agricole (DGPA) relevant du ministère de l’Agriculture, la culture du rosier occupe actuellement une superficie totale d’environ 1000 ha avec un rendement moyen de 2 à 2.5 tonnes/ha. Les plantations de roses sont développées dans plusieurs zones de la Tunisie dont le gouvernorat de Kairouan conquiert la principale zone de production.
De ce fait, la culture du rosier est répandue dans le gouvernorat de Kairouan. Elle est pratiquée en intercalaire ou bien sur des superficies comprises entre 0.25 et 2 ha. Les principaux producteurs sont localisés essentiellement dans les secteurs de Khazazia et Dhraa Ettamar de la délégation de Kairouan Nord.
Promouvoir le tourisme alternatif à Kairouan
Rencontrée lors de cette journée, Mahassen Gmati, sous-directeur des études et de la diversification de la production végétale, souligne que le choix des roses de Kairouan comme produit du terroir par excellence est établi sur différents plans. Elle rappelle l’importance de signaler à chaque printemps cette dynamique pour exposer et vendre les roses fraîches. Et d’ajouter que cette filière peut réaliser des marges de progrès sur les plans économique et organisationnel surtout en ce qui concerne les opérateurs qui se situent en amont de la filière, rappelant que le but ultime de la valorisation des produits liés à l’origine est toujours le développement territorial et régional et en l’occurrence la création d’emplois et de revenus.
Au-delà du potentiel du secteur, Lamia Chekir Thabet, coordinatrice nationale du Pampat 2, a souligné que l’objectif est de promouvoir le tourisme alternatif à Kairouan. Elle met l’accent sur la valorisation des produits du terroir visant à augmenter l’attractivité de Kairouan comme destination incontournable pour le tourisme alternatif. Pour cela, la Stratégie tunisienne de promotion et valorisation des produits du terroir et sa mise en œuvre à Kairouan sont réalisées avec l’appui du projet Pampat.
Elle estime qu’il est important de mettre en valeur le marketing territorial et de faire connaître une région pour inciter aussi bien les Tunisiens que les touristes à venir. L’objectif étant de créer cette identité de la ville du terroir en fonction du produit. Cela permettra également de diversifier la production de la rose via les essences de rose, les produits cosmétiques, le parfum, le côté gastronomique. La rose aujourd’hui peut être intégrée dans des recettes comme les salades, le dessert… Autrement dit, ce concept permet éventuellement la création d’un festival de la rose à Kairouan. Cela dit, promouvoir la production de la rose est devenu une nécessité, rappelle-t-elle.
Priorité à l’exportation
La journée a mobilisé un nombre d’exposants pour encourager la production de la rose de Kairouan et valoriser le métier de producteur agricole, car tels sont les objectifs de cet événement. Pour les consommateurs, elle a été une occasion de renouer avec les traditions et de revenir à la consommation des produits biologiques. Tout au long de cette journée, des exposantes, des agricultrices et des artisanes ont exposé leurs produits. L’objectif de cet événement est de renouer avec les valeurs de proximité, à savoir des produits locaux.
Rim Nasraoui, fondatrice de Cululis Excellence, a souligné, lors de la journée promotionnelle de la rose de Kairouan « Ward Kairouan », que « notre objectif est de développer des produits éco-responsables comme la fleur de sel, préparation de la farce de brik. Notre projet est en pleine expansion, car on vise l’export… ».
Pour sa part, Boutheina Bouguerra, de Khazazia, souligne que son projet consiste en la distillation de l’eau de rose en huile essentielle, rappelant que la région de Khazazia est connue pour la production et la distillation de la rose qui se transmettent d’une génération à une autre.
Les produits biologiques ont littéralement envahi notre espace public depuis quelque temps. C’est aussi un mode de vie de plus en plus présent. La production de la rose est un atout considérable de relance économique de la région. Habib Sebri, président du groupe Sebri, souligne que la production de la rose s’étend sur 1000 hectares. D’ailleurs, des investisseurs étrangers sont intéressés par sa production qui, rappelons-le, est classée parmi le top 10 des variétés de roses et rosiers les plus parfumées dans le monde.
Un petit rappel historique : les roses de Kairouan font partie des roses anciennes descendant des roses rapportées de la Terre Sainte par les croisés, la rose ‘Quatre Saisons Damas’, aux fleurs doubles (plus de 10 pétales) de couleur rose tendre, exhale un parfum extraordinaire, qualifié de note florale. Elle fleurit en bouquet et nous offre le bonheur de refleurir tout au long de la saison.
Indépendamment de son histoire, la rose de Kairouan demeure un atout de création d’emplois et une source de devises pour le pays. C’est ce qu’a soulevé Habib Sebri en mettant l’accent sur de nouveaux partenariats avec les Allemands, les Chinois, les Canadiens et les Français. Son usine offre 5000 postes d’emploi indirects et 250 emplois directs. A Kairouan, la filière est capable d’atteindre 25000 postes d’emploi. Ainsi, le salaire d’un ouvrier, principalement des femmes, par jour s’élève à 50 dinars, soit 1 dinar pour un kilo de roses.
La production de la rose est plus productive qu’on le pense, puisque sa consommation en eau ne dépasse pas 5%. Comme toute production agricole, la floriculture passe au stade industriel, un business éclatant.