Le FTDES, ASF et I Watch ont réalisé le projet commun « Prevent » qui vise à fournir l’accès à l’information et à l’assistance judiciaire aux personnes les plus exposées aux violations des activités des entreprises industrielles, notamment dans le secteur du textile. La permanence juridique a enregistré à Monastir, la plus grande région productrice de textile, 670 consultations juridiques et judiciaires en faveur des travailleur.euse.s du secteur (dont au moins 85% de femmes).
Des tonnes de vêtements sont fabriquées annuellement par des travailleur.euse.s soumis à des abus pour fabriquer ces produits. Des organisations de défense des droits humains, et même des rapports officiels ont rapporté des violations des droits humains subis par les employés de ce domaine.
Selon la même source, en Tunisie, le secteur représente en 2012 « un tiers des entreprises et 35,7% de la main-d’œuvre dans le secteur industriel, ainsi que le quart du produit intérieur brut (PIB) des produits industriels tunisiens ». Cependant, l’envers du décor fait froid dans le dos.
Selon les témoignages d’ouvrières interrogées, les conditions de travail seraient indignes (locaux professionnels trop petits, insuffisance du nombre de sanitaires (vestiaires, douches, W.C.), l’absence ou l’exigüité des lieux de repos, des cas de harcèlement sexuel perpétrés par les supérieurs hiérarchiques.
Elles ont aussi déclaré que leurs conditions de travail seraient illégales et indécentes. En effet, des travailleuses ont évoqué des contrats de travail non écrits ou non conformes à la loi, des documents qui seraient rédigés en français pour un ensemble majoritairement arabophone, l’absence ou l’irrégularité des bulletins de paie et de la protection sociale, etc.
La flexibilité dont bénéficient des employeur.euse.s étranger.ère.s crée une « précarité de chômage ». Selon une étude menée par le FTDES intitulée « Violations des droits économiques et sociaux des femmes travailleuses dans le secteur du textile dans la région de Monastir« , « il suffit ainsi d’annoncer des difficultés ou un état de faillite, changer de nom et délocaliser pour éviter toute poursuite liée à la détérioration des relations de travail ».
Selon une étude menée par l’IOL en 2022, « l’emploi informel a représenté 26,8 % de la population active occupée en 2020, soit plus de 910 000 emplois ».
La crise économique que connaît le pays puis la pandémie 2019 sans oublier les fermetures illégales et soudaines des entreprises multinationales dans la région ont fait que plusieurs femmes se sont retrouvées au chômage. Ainsi, elles n’ont pas eu d’autre choix que de s’orienter vers le secteur informel.
Enfin, voici les recommandations que propose le FTDES, ASF et I Watch:
- Adopter une vraie politique d’Etat sur la promotion des droits humains afin de prévenir des abus et des violations que peuvent subir les travailleur.euse.s
- Elaborer un plan national d’action en concertation avec toutes les parties prenantes pour faire en sorte que les principes directeurs des Nations unies sur les respect des droits humains soient respectés dans l’entreprise
- Travailler sur l’effectivité de l’efficacité des recours judiciaires et des réparations aux travailleur.euse.s victimes des fermetures illégales des multinationales
- Lutter contre «les obstacles juridiques, pratiques et autres» comme la corruption, le non-accès à l’information, la contrainte de la charge de la preuve qui peuvent porter préjudice aux droits humains des travailleur.euse.s
- Réviser les législations nationales pour obliger les entreprises nationales et multinationales à préserver les droits économiques et sociaux des travailleur.euse.s
- « Se conformer à la mise en place d’un devoir de diligence en ligne avec les standards internationaux existants, y compris le Guide de l’OCDE sur le devoir de diligence applicable aux chaînes d’approvisionnement responsables dans le secteur de l’habillement et de la chaussure ».