Alors que les médias traitent souvent des chiffres relatifs aux revenus de travail ou aux recettes touristiques; l’image n’est jamais complète que lorsque la balance des paiements est analysée. Nous disposons des chiffres jusqu’à fin mars 2023. L’exercice s’annonce, déjà, à risque.
Lorsque le pays avait accès, sans grandes complications, aux ressources étrangères, cette balance passait inaperçue. Le contexte d’aujourd’hui est différent et les équilibres aussi. Le déficit des trois premiers mois s’élève à -947,7 MTND ; contre -772,2 MTND à la même date en 2022. En tenant compte de tout ce qui s’est passé, nous pouvons dire que le premier quart de l’année a été sauvé.
Les emprunts, les grands absents des recettes
Les flux entrant de devises totalisent 23 749,7 MTND en trois mois; soit une hausse de 9,4 % sur une année. Les exportations rapportent 15 614,7 MTND. Les transferts des Tunisiens résidents à l’étranger et les revenus du tourisme s’établissent, respectivement, à 2 114,4 MTND et 1 004,2 MTND. Les investissements directs étrangers atteignent 652,9 MTND. De même, on enregistre une hausse significative des investissements en portefeuilles à 33,6 MTND.
Ce qui nous a manqué, ce sont les emprunts, toutes maturités confondues; et ce, qu’ils soient destinés à l’Etat ou aux entreprises. Les encaissements étaient de 1 160,4 MTND contre 2 099,8 MTND. L’effet embargo déguisé est évident.
Pas d’hémorragie de dépenses
Par ailleurs, côté dépenses, elles s’accélèrent de 9,9 % à 24 697,4 MTND; à savoir une cadence plus rapide que celles des recettes.
De plus, les importations ont coûté 18 759,6 MTND. La Tunisie a remboursé des dettes (principal) de 1 083,5 MTND; les entreprises ont payé 757,9 MTND au même titre. Ainsi, les intérêts de la dette à moyen et long termes totalisent 639,5 MTND. Durant le premier trimestre, nous n’avons même pas pu refinancer le service de la dette extérieure de tous les agents économiques, publics et privés. Ce qui est à l’origine du déficit global au niveau de la balance.
Si la Tunisie encaissait l’appui budgétaire comme programmé, ou signait un accord avec le FMI, nous observerions un excédent. En outre, le terrorisme qui a frappé à La Ghriba risque de mettre sous pression les projections. Certes, il y aura un impact et c’est aux professionnels et au gouvernement de faire le nécessaire pour limiter les dégâts.
Globalement, les autorités monétaires semblent bien maîtriser les flux. C’est au politique de faire fonctionner sa diplomatie pour décrocher des ressources supplémentaires qui nous laissent une petite marge de manœuvre.