Un vent d’optimisme souffle sur la Tunisie avec les dernières déclarations des hauts responsables du FMI. « Nous avons réussi à mobiliser le soutien financier des amis de la Tunisie », déclare Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI, le 15 avril 2023. « Le FMI est sur le point de conclure un accord avec la Tunisie », souligne récemment Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds. Cette déclaration a engendré la hausse des cours des obligations souveraines de la Tunisie sur le marché financier international.
Est-ce le résultat des pressions européennes qui commencent à porter leurs fruits ? Ou, une volonté américaine pour barrer la route à tout rapprochement avec les BRICS ? Ou plutôt, une déclaration diplomatique pour responsabiliser davantage les autorités tunisiennes sur l’urgence de l’implémentation des réformes ?
La pomme de discorde reste le portage politique des réformes. Entre un plan A (avec le FMI) qui attend l’implémentation des réformes et un plan B (sans le FMI) qui peine à voir le jour, la Tunisie demeure piégée dans l’insoutenabilité de sa dette et menacée de défaut de paiement.
Le Staff Level Agreement (SLA) conclu en octobre 2022 avec le FMI est-il toujours à l’ordre du jour ? Deux arguments plaident pour une nouvelle version de cet accord.
Premièrement, la révision à la baisse du taux de croissance (1.3% en 2023 d’après le World Economic Outlook d’avril du FMI), alors que l’ancien cadrage a été formulé sur la base d’un taux de croissance de 1.6%. Ce qui devrait se traduire par une baisse des recettes fiscales et davantage de besoins de financement pour clôturer l’exercice budgétaire.
Deuxièmement, cinq mois d’interruption de l’ajustement des prix des hydrocarbures, alors que l’engagement avec le FMI était ferme, un ajustement mensuel sans interruption. De ce fait, les autorités se retrouvent avec une surcharge de dépenses de subventions non prévues par l’exercice 2023.
Au total, la signature de l’accord tant attendu avec le FMI impose un portage politique clair, une détermination pour réformer et un nouveau cadrage macro-budgétaire du SLA d’octobre 2022.
Par Noura Harboub-Labidi
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 869 du 10 au 24 mai 2023