La Tunisie peut-elle se positionner dans un nouveau « business model », comme l’industrie 4.0 ? Une chose est certaine : elle a tous les ingrédients de la réussite pour que notre pays devienne le hub de l’industrie 4.0. C’est ce qui ressort de la table ronde organisée par la Chambre de commerce et d’industrie Tuniso-suisse (CCITNCH) aujourd’hui ayant pour thème: « L’industrie 4.0: opportunité pour la Tunisie ».
Pour nous, l’industrie 4.0 est apparue pour la première fois en 2011 au Forum mondial de l’industrie 4.0 ou « industrie du futur » qui correspond à une nouvelle façon d’imaginer les moyens de production.
Partant de ce constat, l’industrie 4.0 est une opportunité pour la Tunisie, mais pour la renforcer, il faut non seulement travailler, mais aussi sensibiliser les entreprises industrielles à l’usine connectée. C’est ce qu’a soulevé Khelil Lajimi, ancien ministre-administrateur de sociétés.
Pour Khelil Lajimi, la clé de la réussite est le travail. Tout en indiquant l’importance du capital humain tunisien qui est une vraie richesse pour le pays. En outre, il met l’accent sur la reconnaissance des ingénieurs et des développeurs à l’échelle mondiale. D’ailleurs, il souligne qu’ils sont les meilleurs ambassadeurs de la Tunisie, mais qu’il aurait suffi de les encourager, de les écouter. Autrement dit, les ingrédients de base sont présents et qu’il fallait juste mettre les gens en confiance et libérer l’initiative.
S’aligner sur les nouvelles tendances sectorielles
Au-delà de la reconnaissance des acquis et des compétences, il est important de se rappeler que « nous sommes les premiers exportateurs africains de produits industriels rapportés par tête d’habitant à ce jour », nous fait savoir M. Lajimi. Et ce, grâce à une population de 12 millions, contrairement à d’autres pays qui ont 40 millions d’habitants ou même plus. Toutefois, pour que ce secteur rayonne à l’échelle nationale et mondiale, il est nécessaire de trouver des solutions. Et cela ne peut se réaliser qu’avec la voie du dialogue entre les partenaires sociaux, les entrepreneurs, les dirigeants et les travailleurs. Et ce, pour l’intérêt du pays…
De son côté, Marouen Maazoun, Senior Manager en Stratégie & Opération auprès du cabinet Deloitte, souligne la nécessité de s’aligner sur les nouvelles tendances sectorielles ainsi que les tendances des marchés de l’industrie 4.0. Et pour y parvenir, il faut se donner des ambitions, des objectifs. Et ce, via les améliorations opérationnelles, comme la formation des talents et des nouveaux diplômés, etc.
Or la problématique actuelle demeure le gap en termes de compétences, c’est-à-dire qu’on a un écart entre les travailleurs et les managers. Et pour réduire cet écart, les formations professionnelles ou les études supérieures sont fondamentales. Car l’enjeu est l’accès aux marchés. Ce qui nécessite une initiative des financements innovants à travers les crédits d’impôts d’innovation qui sont une solution. En somme, il faut faciliter l’accès à la technologie en développant une offre industrie 4.0… Cela va venir avec l’amélioration de RAD, l’accompagnement des « Tech providers ». C’est ce qui structurera tout l’écosystème de l’industrie 4.0.
Qu’en est-il sur le plan juridique?
Adopter un texte pour l’industrie 4.0 pourrait éventuellement apporter des solutions par rapport au financement, au processus administratif, nous fait savoir Marouen Maazoun. Tout en ajoutant: « Il s’agit d’une idée sur laquelle tout le monde est en train de réfléchir ».
Et en termes de chiffres des entreprises qui dirigent l’industrie 4.0!
D’après M. Maazoun, la problématiques réside dans le manque d’information. Selon lui, sur un premier exercice d’échantillonnage, plus de 70% des industriels n’ont pas de réelle connaissance de l’industrie 4.0. Ce qui nécessite en l’occurrence un travail de sensibilisation pour améliorer ce genre de ratio. Alors que près de 50% des industriels connaissent la définition de l’industrie 4.0, mais ils disent qu’il n’y a pas d’offre incitative de financement conforme à leurs besoins. Prenons l’exemple de l’usine connectée : ce genre de technologie peut éventuellement coûter cher. Mais une chose est sûre, il y a un engagement de tous les acteurs d’avoir cette ambition de réussir pour que l’industrie 4.0 tunisienne soit plus compétitive.
Enfin, Ahmed Osman, conseiller technique principal-Projet l’industrie 4.0 pour favoriser l’emploi des jeunes en Tunisie et en Côte d’Ivoire auprès de l’Onudi, souligne que la Tunisie a tous les ingrédients de la réussite, et ce, grâce au capital humain qui est aussi le joker de ce pays.
Et lors de sa présentation, il a mentionné que 85 entreprises tunisiennes sont conformes à l’industrie 4.0 et travaillant dans 4 secteurs : pharmaceutique, mécanique, textile et agroalimentaire.