Si plusieurs réalisateurs palestiniens ont eu recours à un discours direct, approche historique, ou des histoires d’amour entre une femme israélienne et un homme palestinien pour traiter artistiquement la cause palestinienne, il n’en n’est pas de même du réalisateur et scénariste palestinien Firas Khoury, dans son premier long-métrage de fiction Alam (drapeau en arabe). En effet, le réalisateur palestinien expose la cause palestinienne aux cinéphiles à travers les regards d’un groupe d’élèves palestiniens du territoire occupé de 1948. L’avant-première tunisienne du film s’est tenue 15 mai 2023, à l’espace culturel privé Mad’art, à Carthage.
Le choix du 15 mai pour l’avant-première tunisienne du film Alam n’a rien d’arbitraire, bien au contraire. Car il coïncide avec le 75ème anniversaire de la Nakba. Une date fatidique et tragique qui marque l’exode forcé de plus de 750 000 Palestiniens de leurs terres.
Le film a déjà remporté un certain nombre de prix et a interpellé les critiques et cinéphiles. Lors de la 44ème édition du Festival International du Film du Caire (CIFF) qui s’est tenue en décembre 2022, le film remportait la Pyramide d’Or du meilleur film; mais également le prix ex æquo du Meilleur acteur pour le jeune Mahmoud Bakri. Ainsi que le Prix du public qui, lors de la projection, avait applaudi le film à plusieurs reprises. Alam avait fait sa première au Festival International du Film de Toronto (TIFF, Canada). Notons que le film a été tourné entièrement en Tunisie pendant dix ans. Ce film est une production palestono-franco-tunisienne
C’est l’histoire de l’élève Tamer qui étudie dans un lycée contrôlé par les autorités sionistes. Insouciant et nonchalant, cependant, il accepte de participer avec ses camarade de classe à l’opération « Alam ». Cette opération consiste à enlever le drapeau israélien du toit de l’école et hisser à sa place le drapeau palestinien, à la veille de la commémoration de la Nakba. Un geste lourd de sens et de symbole, surtout que cette institution scolaire est sous la tutelle de l’occupant. Si Tamer a accepté de faire partie de l’opération, c’est pour séduire la belle élève Mayssa qui représente dans le film le modèle de la femme audacieuse, indépendante et rebelle. Le film triomphe, également, pour un monde sans frontière et sans drapeaux. Surtout que deux élèves entonnent dans le film le chant de l’Internationale. Lors du débat avec le public, le réalisateur a affirmé qu’il était impossible de filmer la scène de l’enlèvement du drapeau en Palestine.
Un autre aspect important dans le film est le programme scolaire. En effet, le programme scolaire en matière d’histoire reflète le point de vue de l’occupant. Ce qui n’est pas sans indigner l’un des élèves qui entre en conflit avec le professeur (incarné par l’acteur tunisien Abdelmonem Chouayet). Tout est symbole et allusion dans le film qui déborde de poésie notamment en évitant un traitement cinématographique du conflit armé. D’autres acteurs tunisiens ont participé au film à savoir Sawsen Maalej et Moez Toumi. Le film est actuellement disponible dans les salles de cinéma tunisiennes.