Une première en Tunisie, douze ans après le 14 janvier, deux jeunes étudiants se retrouvent en prison à cause d’une chanson satirique publiée sur les réseaux sociaux. On se demande où on va. Aujourd’hui, de plus en plus de citoyens sont préoccupés par ce paysage morose. Poster un statut sur FB qui ne plaît pas aux autorités, n’exclut pas du risque d’être emprisonné. Et les exemples ne manquent pas…
Khadija Moalla, consultante internationale senior en leadership, droits humains & droits des femmes, Gouvernance et Objectifs du Développement durable, a souligné dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com que » Cette situation ouvre la voie à tous les abus. Tout comme elle porte atteinte au principe d’égalité entre les citoyens ».
Aujourd’hui, au lieu de voir des jeunes dans les rangs des universités, on les trouve malheureusement en prison à cause d’une chanson satirique. Ce qui fait qu’on sape tous leurs espoirs d’innovation et de créativité.
Le carré de la liberté d’expression sous la loupe
Pour Nadia Mesghouni, analyste politique du Maghreb, le carré de la liberté d’expression se rétrécit de jour en jour. Avec des restrictions et des législations qui entravent la liberté des individus d’exprimer leurs opinions et leurs idées.
En outre, elle nous déclare : « Si nous allons freiner sur chaque mot et geste, nous n’allons plus nous en sortir. Faut rappeler que les jeunes sont la masse la plus importante qui a voté Saïd en 2019. Ces jeunes qui ont quitté les universités vers leur région pour voter. Et aujourd’hui ils vivent le flou, l’instabilité, le chômage, la pauvreté, la migration irrégulière, etc. Et on vient leur rajouter l’interdiction de critiquer en chantant. »
Enfin, elle conclut : « Ces arrestations mettent en évidence les défis persistants auxquels est confronté la liberté d’expression dans le pays. Et, ce n’est pas une première que des jeunes critiquent un malaise. Le rappeur Balti a déjà plusieurs titres où il posait des interrogations sur l’argent des Emirats. D’autres comédiens ont aussi même fait des sketchs et des scènes comiques critiquant l’ancien président de la République BCE et son fils Hafedh Caïed Essebsi. En somme, il est vrai que notre appareil sécuritaire est une fierté nationale, mais nous comptons aussi sur sa compréhension. »
Autrement dit, arrêter une personne pour ses opinions ou pour une chanson dépasse tout entendement.. Il y a de quoi s’inquiéter de comment demain sera fait. A bon entendeur…