L’heure de vérité a sonné et le moment tant attendu de la proclamation des résultats du Prix UBCI – Lab’ess de l’entrepreneur social (édition 2023) est arrivé. Retour sur l’événement.
Armés d’une volonté inflexible, de grandes ambitions et d’idées innovantes à fort impact social et environnemental, sept entrepreneur(e)s ont présenté leur projet devant le jury. Ils ont eu recours aux chiffres, arguments, données et études pour convaincre non seulement le jury, mais aussi un auditoire composé de jeune entrepreneurs et d’observateurs de la scène entrepreneuriale. La fierté, l’enthousiasme, la fougue de la jeunesse et la fibre entrepreneuriale se lisent facilement sur les traits de leur visage, lors des pitchs.
Le principe est bel et bien simple : l’entrepreneur doit pitcher son projet en cinq minutes pour convaincre de son bien-fondé. Les membres du jury ont sept minutes pour leur poser des questions sur les différents aspects des projets. Ainsi, le public a assisté à une course contre la montre pour le jury et les compétiteurs.
Retour sur l’historique du concours
La première édition de cette compétition qui rend hommage à l’économie sociale et solidaire date de 2018. Elle a toujours braqué la lumière et favorisé les projets ayant un impact positif sur les communautés.
La compétition est le fruit d’un travail entre l’UBCI et l’association Lab’ess. Le concours de l’entrepreneur social vise à valoriser les initiatives innovantes et à fort impact social. Il s’agit de mettre en valeur des entrepreneurs ayant suivi un parcours d’accompagnement dédié à l’innovation sociale, à travers une mise en visibilité visant à les aider dans leur démarche de recherche de financement.
WeFix, une start-up qui redonne vie à l’électroménager d’occasion (1er prix) : 8 mille dinars
Il s’agit d’une plateforme de réservation d’intervention de réparation à domicile d’appareils électroménagers et un revendeur d’appareils reconditionnés. Ainsi, ce projet fait de l’occasion, de l’économie circulaire et de la préservation de l’environnement son cheval de bataille. D’ailleurs, ses services s’articulent autour de trois axes, à savoir :
– La réparation à domicile d’appareils électroménagers;
– La vente d’appareils reconditionnés;
– La collecte d’appareils électroménagers hors service.
Lors de son intervention devant le jury, le CEO de WeFix a expliqué que sa start-up exerce, actuellement, à Tunis. Elle a un impact environnemental qui se traduit à travers la réduction des déchets électroménagers et la sensibilisation à une consommation responsable. Il parle également d’un impact social qui se traduit par la contribution à l’insertion professionnelle et la valorisation des compétences des réparateurs électroménagers informels.
Plaçant la barre très haut, la start-up ambitionne d’ouvrir une filiale française en 2024, surtout que le marché de l’occasion est en plein essor. En 2025, le CEO Sabri Cheriha prévoit de renforcer son équipe. A noter que celle-ci se compose pour le moment de trois techniciens.
Le Goûter, parce qu’une alimentation saine et nutritive pour les enfants est une priorité (2e prix) : 6 mille dinars
En effet, il s’agit d’un traiteur spécialisé dans l’alimentation saine et équilibrée pour enfants. A noter que les établissements scolaires privés et les jardins d’enfants sont les clients de cette start-up qui propose trois services : – Un service de traiteur et service en cantine à destination des écoles;
– Des ateliers de cuisine à destination des particuliers;
– Une livraison hebdomadaire de plateaux repas à destination des particuliers.
Cette start-up a vu le jour en 2019 grâce à sa fondatrice Imen Skandrani. Sur un ton nostalgique, elle se rappelle de son expérience de maman qui travaille à plein temps et qui, de retour chez elle, doit préparer le goûter de sa fille. Elle affirme que la préparation d’un goûter nutritif et sain pour un enfant n’est pas aussi aisé pour une mère qui travaille. Cependant, elle révèle qu’elle faisait de son mieux pour que le panier de sa fille soit bien distingué des autres paniers à l’école.
Continuant dans le même ordre d’idées, elle souligne que la maman qui travaille se trouve dans l’obligation, en cas de fatigue et d’accumulation d’engagements professionnels, de ne pas préparer un goûter fait maison et de recourir au fast-food qui est loin d’être une solution saine et nutritive. Ainsi, l’entrepreneure a démissionné de son travail initial pour lancer son projet « Le Goûter » dont le nom ne doit rien au hasard.
Ce projet ne manque pas d’avoir un impact social, puisqu’il offre une alternative saine et équilibrée aux repas industriels dans les cantines scolaires. Il permet également de soulager la charge mentale des mamans actives qui culpabilisent quand elles offrent du fast-food à leurs enfants, faute de temps et de disponibilité. A cela s’ajoute que le projet ne fait aucun gaspillage. Il permet, également, d’employer des femmes en situation critique, de leur apprendre un métier et de les insérer dans la vie professionnelle. Imen prévoit d’atteindre la capacité de production de 1500 repas par jour.
Douar Larroussi, un projet qui mise sur le tourisme durable et la restauration éco-responsable (3e prix) : 5 mille dinars
Loin des sentiers battus du tourisme classique, le gérant de Douar Larroussi mise sur le tourisme durable. En effet, Douar Larroussi est un village berbère à Sidi Jedidi (gouvernorat de Nabeul) aménagé en éco-construction proposant des activités immersives à la découverte de la culture locale.
L’espace propose un service de restauration avec des expériences culinaires et d’accueil d’événements culturels, sportifs et musicaux dans un cadre authentique et naturel. Le projet a un impact social à travers l’emploi de femmes des régions environnantes, la promotion du patrimoine culturel et traditionnel local et l’accès gratuit à la culture pour les habitants de la région. Il a également un impact environnemental, puisqu’il propose du tourisme alternatif non polluant et respectueux de l’environnement. Laroussi Gharbi (3e génération) prévoit d’aménager un magasin de produits locaux, de lancer un gîte rural et de diversifier l’offre au niveau du tourisme culinaire, en plus de l’aménagement du douar en 2024.
L’UBCI et LAB’ESS se mettent à deux pour l’essor de l’économie sociale et solidaire
Lors de son intervention, le directeur PME auprès de l’UBCI, Nabil Lakhoua, s’est félicité de faire partie du jury du concours en question. Il espère que cette collaboration entre l’UBCI et Lab’ess sera fructueuse. « Elle nous a permis d’accompagner des projets innovants d’entrepreneuriat social avec un fort impact environnemental ».
Dans le même sillage, l’intervenant affirme que l’impact social et environnemental est l’une des priorités de l’UBCI qui est une banque labellisée RSE. Et de rappeler que la banque participe avec d’autres acteurs du domaine dans le cadre d’un développement durable. L’UBCI s’est engagée dans cette dynamique depuis des années, explique-t-il. L’intervenant affirme que l’UBCI évite de financer des projets ayant un impact négatif sur la société et sur l’environnement. Par contre, la banque se positionne sur des projets qui peuvent avoir un impact positif sur l’environnement et le développement socioéconomique de la Tunisie.
De son côté, le directeur de Lab’ess, Rachid Abidi, affirme lors de son intervention que le partenariat entre l’incubateur et la banque est un partenariat qui dure. « Nous avons uni nos forces pour la même cause et nous avons construit un dialogue entre l’incubateur et la banque ».
Il a souligné la diversification des produits bancaires et financiers afin de subvenir aux besoins des entrepreneurs.