L’affaire est simple : il ne faut pas écouter les personnes que l’on voit dans les bureaux ou encore dans les cafés et qui donnent, par des discours hasardeux, l’impression que la corruption a métastasé le vécu social.
Il suffit que l’on annonce la comparution devant la justice d’accusés dans des affaires de corruption pour qu’une partie de l’opinion se saisisse des dossiers pour se lancer dans des discours exagérés. Voire des hallucinations et une perte du sens de la réalité.
A en croire quelques-uns, que l’on voit dans les bureaux ou encore dans les cafés, quasiment tout le monde est corrompu et le mal gangrène la société tout entière et tout le tissu administratif et de production du moins. Il va sans dire que la corruption est bien installée dans le pays. Il va sans dire aussi qu’elle a gagné du terrain en raison de certains errements. Mais se lancer dans des discours hasardeux n’est sans doute pas de bon aloi.
Pourquoi ? D’abord, parce que c’est faux. Faut-il croire que tous les Tunisiens sont corrompus comme le pensent et le disent quelques-uns gagnés, entre autres, par le ressentiment ? Il faudra du reste le prouver. Et les affaires de corruption révélées, que ce soit par les pouvoirs publics, les médias ou la société civile, ne sont pas le signe évident que la corruption a métastasé le vécu social.
Les spécialistes vous le disent, il n’y a pas d’outils fiables de mesure de la corruption. Ni l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) ni encore le Financial Secret Index (Index du secret financier) qui sont cités comme référence lorsqu’il s’agit de corruption. Des soupçons pèsent, par exemple, sur l’IPC, qui est, comme son nom l’indique, une affaire de perception. Donc subjectif. Sans oublier l’origine du financement de l’organisation qui produit cet IPC.
Transparency International est, dit-on, financée par le département américain des Affaires étrangères et des multinationales d’origine américaine.
Scier la branche sur laquelle ils sont assis !
Ensuite, ceux qui voient, pour ainsi dire, la corruption partout risquent bel et bien de laisser planer le doute sur tout un dispositif mis en place pour traquer les corrompus. Un dispositif fait, d’abord, d’une législation avec ses procédures et autres institutions et structures à commencer au sein des entreprises qui veillent au grain. Sans oublier, secundo, ces cadres formés à l’université qui ont mis en place des manuels de procédures souvent bien réfléchis.
La Tunisie n’est pas somme toute une République bananière, et l’administration, entre autres, qui a fait fonctionner le pays dans des moments difficiles et qui continue à le faire, est saine dans sa majorité. Et lorsqu’ici et là apparaissent des dysfonctionnements, cela ne veut pas dire que toute la machine est grippée.
Dernier facteur, enfin, important. Ces exagérations ne peuvent que nuire à l’image du pays qui ne semble plus, et du fait de ses indicateurs, être dans les radars de nombre d’investisseurs étrangers. Beaucoup sont, de ce fait, en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis !
A préciser, ici, que lorsqu’on inspecte et traque corrompus et corrupteurs, un des objectifs devrait être de veiller à ce que les fautes, erreurs ou même les dépassements constatés ne se reproduisent plus. C’est là le rôle, entre autres, de l’Observatoire national des marchés publics (ONMP) auquel on ne rend sans doute pas assez hommage pour les efforts accomplis.
Mohamed Gontara