L’économie nationale de la Tunisie est à la croisée des chemins. Elle peut basculer d’un côté comme de l’autre. L’effondrement tant redouté ou un solide rebond, tant souhaité à l’heure du basculement du monde.
Nos finances publiques, à l’image de notre économie, sont dans une situation peu enviable et font craindre le pire. Inutile de se voiler la face et de se laisser enfermer dans des discours incantatoires, comme pour tourner le dos à la réalité. A moins de s’installer dans le déni, la Tunisie ne peut pas faire l’économie des investissements et des financements étrangers. Pour l’heure, ils sont notre seule planche de salut national pour éviter le défaut de paiement qui est loin d’être une simple hypothèse d’école. Ils constituent la principale voie de respiration pour l’économie de la Tunisie, aujourd’hui sous tente d’oxygène. A ceci près qu’on n’en verra pas la couleur avant de stopper l’hémorragie des finances publiques. L’État doit à cet effet repenser son rôle, réduire sa place et celle des circuits parallèles et souterrains dans l’économie. Il gagnera en efficacité et en crédibilité.
Nous avons d’énormes contraintes budgétaires et financières, peu de marge de manœuvre et moins encore de temps pour briser le cercle infernal de l’endettement et de l’inflation et retrouver les chemins vertueux d’une croissance forte et durable au milieu d’une refondation agitée du paysage productif mondial. Nous devons, avant qu’il ne soit trop tard, saisir cette mince et furtive fenêtre d’opportunité pour profiter du mouvement de raccourcissement et de recomposition des chaînes de valeur à l’échelle mondiale.
L’Histoire s’accélère, si bien que tout retard est banni et la moindre erreur est vite sanctionnée. Les places dans le nouvel ordre économique mondial sont peu nombreuses et les concurrents – des émergents aux plus puissants industriellement – sont légion.
Pour les uns comme pour les autres, la saison des moissons a déjà commencé. Les grandes puissances industrielles brandissent à tout vent l’étendard de la relocalisation pour préserver emplois, sécurité et autonomie. Le président français, passé maître dans l’art d’attirer les plus grands décideurs du monde, a fait des émules. L’heure de la réindustrialisation a sonné depuis son premier mandat présidentiel. Il est talonné par le Premier ministre britannique, lui-même en compétition avec le chancelier allemand en matière d’attractivité des investissements. Ils font valoir leurs atouts technologiques, scientifiques, la force de frappe du marché européen et l’étendue de leur insertion dans l’économie-monde. L’Amérique de Biden n’est pas en reste.
Pour autant, tout n’est pas perdu pour nous, il y a encore des places à prendre dans le nouveau mécano industriel mondial. A condition que le président de la République monte lui-même au créneau, à l’instar des plus grands de ce monde. A l’effet de déployer toute une stratégie de séduction désormais du seul ressort du chef de l’État pour attirer et conquérir la sympathie des principaux bailleurs de fonds mondiaux et des grands pourvoyeurs d’investissements étrangers qui véhiculent transfert de technologie, connaissances et nouveaux process de production.
Par Hédi Mechri