Après une période qui a duré environ 3 ans, faite de doutes, d’inquiétudes et de spéculations en tous genres, la pandémie de Covid-19 semble prendre un autre tournant. L’état d’urgence sanitaire a longtemps été maintenu, après la période d’accalmie qui a suivi les grandes flambées épidémiques qui ont secoué le monde entier.
L’OMS a annoncé la fin du Covid-19 en tant qu’urgence de santé publique de portée internationale. Une décision prise par le comité d’expert de l’OMS qui a établi que sur les 12 derniers mois, la pandémie était « sur une tendance à la baisse ». Les chiffres sont sans appel: le nombre de contaminations et d’hospitalisations a
très fortement baissé, tandis que depuis le mois de janvier, le nombre de morts causés par le Covid nouvellement enregistrés a chuté de 95%.
Cette annonce a été l’occasion pour Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mon-
diale de la santé, de rendre hommage à « l’incroyable compétence et au dévouement désintéressé des travailleurs de la santé » à travers le monde. Maintenant que l’urgence sanitaire a été levée, il n’a pas manqué de rappeler les
énormes dégâts causés par ce virus. Celui-ci continue, malgré une nette amélioration sur le plan sanitaire, de
laisser « de profondes cicatrices sur notre monde ». « Ces cicatrices doivent servir de rappel permanent de
l’émergence possible de nouveaux virus, avec des conséquences dévastatrices », a-t- il déclaré.
La pandémie de Covid-19 a non seulement dévoilé les inégalités en matière d’accès aux soins entre les régions
du monde, mais elle a également « exposé les lignes de fracture politiques, au sein et entre les nations ». « Elle
a érodé la confiance entre les personnes, les gouvernements et les institutions, alimentée par un torrent de mésinformations et de désinformations », a-t-il ajouté, sans oublier que cette pandémie a révélé la fragilité de
nos systèmes économiques, « plongeant des millions de personnes dans la pauvreté ». La levée de l’alerte maximale
a été certes déclarée, mais elle ne signifie pourtant pas la fin de la pandémie. Tandis que les mesures de
prévention telles que le port du masque, la distanciation sociale se font de plus en plus rares, de même que
la vaccination ne fait plus des émules parmi les professionnels mais également l’ensemble de la population,
les experts ne cessent de rappeler que le virus continue jusqu’à présent de « circuler».
Ils donnent l’exemple du nouveau variant XBB.1.16 et de ses sous-variants, actuellement dominants au niveau
mondial, qui continuent à muter et qui sont « toujours capables de provoquer de nouvelles vagues de contaminations et de décès ». Maria Van Kerkhove, qui dirige la lutte contre le Covid-19 au sein de l’OMS, rappelle par ailleurs que ces variants ont la capacité de contourner les protections immunitaires acquises, ce qui signifie que
des personnes vaccinées ou déjà infectées sont susceptibles de contracter de nouveau la maladie.
Malgré la baisse drastique du taux de contaminations, le niveau de circulation du virus reste toutefois élevé et supérieur à celui de la grippe. La pandémie de Covid-19 continue à faire de sérieux dégâts. En 4 semaines, entre
mars et fin avril, les experts de l’OMS ont fait état de 16 000 décès à travers le monde à cause de ce virus.
La fin de l’urgence sanitaire n’est donc pas la fin du Covid-19 ni des autres pandémies qui guettent. Cette épreuve, qui a mis à genoux le monde entier, permettra-t-elle de se préparer à d’éventuelles pandémies ? L’heure
est au bilan. Serions-nous prêts à apprendre de nos propres erreurs ?
Par Meriem Ben Nsir
Cet article a été publié à l’Economiste Maghrébin n°870 du 24 mai au 7 juin 2023