Le diffuseur de l’information Bloomberg, hautement crédible, a rapporté, mercredi 31 mai 2023, une bonne nouvelle : la Banque mondiale est sur le point d’approuver un nouveau partenariat avec la Tunisie. Cet accord potentiel marque, surtout, la fin de quelques mois difficiles au niveau des relations entre les deux parties.
La décision sur le cadre du partenariat, qui fixe les « orientations stratégiques pour les engagements opérationnels » couvrant la période 2023 – 2027 sera soumise à l’approbation du Conseil d’administration du groupe de la BM dans les semaines à venir.
Quel périmètre pour la stratégie ?
Toutes les stratégies de la Banque mondiale partagent trois objectifs clairs : contribuer à créer une croissance économique durable; investir dans les ressources humaines et renforcer la résilience face aux chocs et aux menaces susceptibles de fragiliser des progrès accomplis.
Pour le cas tunisien, ces axes d’actions sont tous valables. Nous pensons que la Banque financerait des projets qui visent à réduire les disparités de débouchés économiques et de niveaux de vie entre les agglomérations côtières et les régions sous-développées. En même temps, ces projets doivent avoir le caractère vert, de sorte qu’ils respectent le critère de la durabilité.
« La Banque mondiale aidera la Tunisie à mener les réformes économiques les plus urgentes »
La Banque mondiale aidera la Tunisie à mener les réformes économiques les plus urgentes. C’est le seul moyen pour consolider la stabilité macroéconomique du pays. Cela concernera l’amélioration du climat des affaires en premier lieu; et ce afin de soutenir la création d’emplois et l’innovation par le secteur privé.
La complémentarité avec l’acteur public est primordiale pour le pays. Et le cadre du Partenariat Public-Privé devrait être mis à l’honneur dans le cadre de la nouvelle stratégie.
Enfin, il y a la composante sociale, avec le soutien des familles les plus vulnérables. Nous avons déjà vu la Banque assurer des transferts sociaux à ces familles en 2022 et auparavant. Ce programme devrait continuer, s’inscrivant dans une stratégie d’inclusion financière. De plus, ces transferts seront d’une grande utilité le jour où le gouvernement décide de passer à une stratégie de ciblage des subventions.
En tout, ces actions visent à renforcer la confiance entre les citoyens et les gouvernants, à travers des institutions publiques plus transparentes et responsables.
Au bon moment ?
Le renouvellement de la coopération avec la Banque mondiale ouvre la voie aux financements tant attendus.
Pour rappel, dans le budget de 2023, la Tunisie compte sur un appui budgétaire de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), qui appartient au groupe de la Banque mondiale, de 1 220 MTND. Cela ne signifie pas que nous allons encaisser immédiatement l’intégralité de ce montant, mais il y a de forte chance de l’obtenir progressivement d’ici la fin de l’année.
« L’inscription de la Tunisie dans la nouvelle économie mondiale, plus que jamais axée sur les questions de la protection de l’environnement »
A notre avis, le plus grand avantage de cette coopération n’est pas l’accès au cash en devises. C’est plutôt l’inscription de la Tunisie dans la nouvelle économie mondiale, plus que jamais axée sur les questions de la protection de l’environnement. Nous avons besoin de lignes de financement, à mettre à la disposition des entreprises publiques et privées, et surtout de l’accompagnement. Nos institutions financières ne sont pas habituées au traitement de ce type de dossiers, dans lesquels les paramètres extra-financiers pèsent.
L’appui de la Banque mondiale aidera donc à absorber le choc qui se prépare, celui du passage d’une production intense en carbone et polluante, à une autre plus respectueuse de l’environnement. Nos entreprises seront confrontées à ces difficultés pratiques dès que notre premier client, l’Union européenne, appliquera sa nouvelle batterie de lois. Des barrières vertes à l’entrée seront mises en place, compliquant la vie à la majorité absolue de nos exportations.
Même pour l’Etat, c’est important. S’il réussit à prendre ce virage, il aura accès à une multitude de ressources auprès d’autres institutions, essentiellement le FMI. Le dernier fonds créé est doté de 50 milliards de dollars et ne finance que les projets verts et durables. L’Egypte en a déjà eu, à nous d’y aller.