L’amélioration de l’information financière devient un pré-requis pour renforcer la compétitivité de l’économie et du marché financier, face aux nouveaux défis qui se posent aux économies partout dans le monde. C’est ce qui ressort d’un dialogue avec la place financière sur le thème « Qualité de l’information : enjeux pour les sociétés, nécessité pour l’investisseur » organisé mercredi 31 mai 2023, à Tunis par le CMF.
Lors de cette rencontre organisée dans le cadre de la 21ème session annuelle de l’Institut francophone de la régulation financière (IFREFI) qui se déroule du 31 mai au 2 juin 2023 à Tunis, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane El Abassi, a souligné que « trois défis majeurs se trouvent aujourd’hui au centre des préoccupations des régulateurs et impactent le comportement de l’investisseur ».
« Il s’agit des défis économiques et géopolitiques, liés notamment aux retombées du conflit russo-ukrainien ayant exposé les acteurs financiers à l’exacerbation de l’incertitude économique, le renchérissement des denrées alimentaires et des hydrocarbures mettant en péril la sécurité alimentaire et énergétique, l’accentuation de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt. Il s’agit, aussi, de défis technologiques liés à la révolution induite par l’Intelligence artificielle et de défis climatiques impactant directement les acteurs financiers qui doivent sans plus tarder en tenir compte, tout en essayant de dépasser les lacunes en matière de données fiables, comparables et prospectives sur la problématique du risque climatique », développe M. Abassi.
Ces défis mettent, estime-t-il, en exergue l’importance accrue de la disponibilité, la qualité et l’authenticité de l’information qui représente une condition sine qua non pour la couverture des risques et le renforcement de la confiance entre les entreprises et les investisseurs sur les marchés et autorités de régulation.
La vision de la BCT
Face à ces défis, la BCT a choisi comme slogan pour son nouveau plan stratégique 2023-2025 « Être une banque centrale crédible, résiliente, et innovante, à l’avant-garde des transformations financières, inclusives et durables ». De même qu’elle s’est fixée comme objectifs la conformité totale avec les standards bâlois et les normes IFRS en 2023 .
Les normes IFRS sont des normes comptables internationales mises en place depuis 2005. Elles permettent d’harmoniser la présentation des états financiers et comptables des sociétés cotées et d’obtenir un système comptable uniforme entre les différents pays du monde.
De son côté, le président du conseil du marché financier, Salah Essayel, a indiqué que « les marchés financiers sont à l’heure actuelle confrontés à des enjeux majeurs tels que la transition énergétique, la numérisation des services financiers et la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ». Face à ces enjeux, « la transparence devient vitale pour l’entreprise quelle que soit sa taille. Cependant, un équilibre devrait être trouvé entre la confidentialité et la transparence ».
Migration vers les normes IFRS
Concernant la migration vers les normes IFRS, M. Essayel a considéré que l’objectif principal des normes est de fournir aux preneurs des décisions d’investissement, une meilleure information sur la valeur instantanée de l’entité économique et des risques encourus par elle par rapport à sa valeur de marché.
L’application de ces normes n’est pas, selon lui, sans difficulté et sans risque. Cela est tout d’abord en relation avec la nature même du dispositif normatif comptable international. En effet, ces normes posent davantage des principes plutôt que des règles. Ce qui laisse aux entreprises une relative marge de manœuvre et d’appréciation et nécessite une forte évolution de culture et d’implication des sociétés et une supervision resserrée et concertée de tous les organes de contrôle.
Aussi,« les IFRS constituent un référentiel constamment révisé d’où l’obligation de veille, de formation et de publication de textes d’application. Cela requiert un encadrement juridique spécifique qui se traduit par la révision des textes actuellement en vigueur et essentiellement ceux relatifs au système comptable ». «L’implémentation du dispositif IFRS implique aussi une série de réformes : du droit comptable, fiscale, du droit des sociétés et du droit commercial », a-t-il conclu.
Avec TAP