Le 1er juin 1955 fut une journée de gloire. Répondant à l’appel de Tunis, le 31 juillet 1954, du chef de gouvernement Mendes-France, la Tunisie a engagé des négociations avec le gouvernement français, en vue de réaliser l’autonomie interne. Habib Bourguiba recommanda Tahar Ben Ammar, pour former le nouveau gouvernement et engager les négociations. Les conventions tuniso-françaises, signées le 3 juin 1955, prévoient le transfert au gouvernement tunisien de toutes les compétences, à l’exception de celles des affaires étrangères et de la défense.
Ce protocole d’accord, est destiné à promouvoir les « rapports de coopération selon des modalités librement consenties, dans le respect mutuel de leurs souverainetés propres », cherche à remplacer le protectorat par une communauté franco-tunisienne. Le leader Habib Bourguiba était le parrain de cet accord, dans sa stratégie de la politique des étapes. Hostile à l’accord, le Secrétaire général du Néo-Destour Salah Ben Youssef rejoignit la Conférence de Bandoeng (18-24 avril 1955), estimant qu’elle s’apprêtait à soutenir la revendication d’indépendance, des trois pays nord-africains, annoncée par le trio afro-asiatique Nasser- Zou Enlai – Nehru.
Il fut accueilli à La Goulette par un véritable raz de marée Arrivée à Bab Souika, il monta un cheval blanc de Zlass.
Une lutte fratricide s’engagea entre Habib Bourguiba qui parlait d’un pas en avant et Salah Ben Youssef qui dénonçait ce ‘’pas en arrière’’ et faisait valoir l’alliance nassérienne. Lors des préparatifs de l’accueil, les destouriens occultèrent ce différend, affirmant, qu’il s’agissait d’une ‘’surenchère politique, pour faire valoir les demandes destouriennes’’ (déclaration de Azouz Rebai, à la cellule de Douar Ach-Chotte, le 31 mai)
Le retour de Habib Bourguiba à Tunis, après trois ans et demi d’emprisonnement, alors que les conventions franco-tunisiennes étaient finalisées, fut considéré comme un triomphe national. Il fut accueilli à La Goulette par un véritable raz de marée. Arrivée à Bab Souika, il monta un cheval blanc de Zlass. Dans le discours qu’il fit à cette occasion, il déclara que les conventions signées sont des concessions, dans le cadre de la reconnaissance tunisienne.
Rentré à Tunis, le 13 septembre, Salah Ben Youssef fut accueilli par Habib Bourguiba. Ce qui occulta son accueil populaire. Aussitôt, il met en œuvre un plan de contestation, dans tout le pays, jusqu’à son retour au Caire le 28 janvier 1956.