Le Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs (CAPJC) célèbre aujourd’hui, vendredi 9 juin, son 40e anniversaire à Tunis. Avec 40 ans d’existence, le CAPJC ne semble pas prendre une ride.
Les enjeux et les défis de la formation continue sont aujourd’hui mis en avant, et le centre se dote d’un noyau de formateurs tunisiens. C’est ce qu’a souligné Saïd Benkraïem, directeur du CAPJC, qui rappelle la date de sa création, 1983, et que la Tunisie est le premier pays de la région Mena à avoir lancé ce centre. Tout en ajoutant: “Le seul centre de ce genre en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne à avoir acquis une visibilité internationale, ce qui nous motive à fournir davantage de soutien”.
Aujourd’hui, le centre a permis aux journalistes d’acquérir de nouvelles compétences. Au-delà de la longue histoire de ces 40 ans d’existence, il est important de dresser un état des lieux. Et ce, à travers la mise en place de médias pluralistes et d’une culture de transparence.
De son côté, Marcus Cornaro, l’ambassadeur de l’UE en Tunisie, s’est félicité du soutien de l’UE depuis plus de 18 ans au développement des médias tunisiens. Il précise à cet effet: « La Tunisie a toujours été un pays précurseur en la matière, notamment avec le premier centre de ce genre dans la région Mena. La Tunisie fait face à des défis multiples et n’est pas épargnée par les crises socioéconomiques.
Malheureusement, nous constatons partout dans le monde que la liberté de la presse et la liberté d’expression font face à des risques réels. Ainsi, la liberté d’expression demeure une priorité incontestable pour l’UE ».
Par ailleurs, depuis sa création, le Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs a organisé 944 sessions de formation, bénéficiant à 14 660 stagiaires de 85 nationalités différentes.
De plus, le centre a également pu bénéficier de l’expertise de 2 151 formateurs tunisiens et étrangers dans divers domaines du journalisme et des techniques de communication classiques et modernes.
A cette occasion, les panélistes ont mis l’accent sur l’importance des débats constructifs. D’ailleurs, l’un des sujets évoqués est la présence de l’IA dans le monde des médias. Y a-t-il une crainte pour le métier de journaliste ?
Sadek Hammami, ancien directeur du CAPJC, part du constat que la Tunisie n’est pas entrée dans l’ère numérique, à vrai dire. Il précise à cet effet: “Il n’y a qu’à voir l’administration tunisienne qui est en retard sur le plan de la digitalisation. Et pour revenir au cas des journalistes tunisiens, pour de multiples raisons, le journalisme tunisien est lui aussi en retard par rapport à l’ère numérique. Il y a également un manque de contenu, cela n’empêche que le CAPJC apporte sa pierre à l’édifice. A mon avis, le centre doit poursuivre ses activités en adoptant de nouvelles approches innovantes conformes au 21e siècle”.
Par ailleurs, la Tunisie n’est pas la seule à s’être préoccupée de l’ère de l’intelligence artificielle, cette évolution radicale du logiciel qui s’immisce actuellement partout dans notre sphère privée ou professionnelle. On se demande s’il faut en avoir peur ou tout simplement s’adapter le plus vite possible.
Jean-François Raskin, directeur général de l’Institut des hautes études de communications sociales (IHECS), souligne que l’intelligence artificielle qui arrive ne fait qu’ajouter une couche supplémentaire et nécessite une prise de conscience du journaliste. Et cette réflexion est portée partout dans le monde, il y a des pistes concernant la labellisation de l’information qui doit être certifiée, si on veut réguler l’IA ça sera comment, jusqu’où…
Au final, qui va labelliser ? Ce sont les journalistes, les commissions mixtes, les éditeurs, ce sont des questions auxquelles tout le monde devrait réfléchir ensemble. Aujourd’hui, les USA et l’UE sont en train de réfléchir sur la manière d’adaptation. En somme, l’IA n’est qu’à ses débuts, mais il est évident qu’elle jouera un rôle dans le monde médiatique. A suivre…