La présidente du Conseil italien sera parmi nous, dimanche 11 juin, en compagnie de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte. Pour sceller des accords tenus jusqu’ici secrets entre Rome et les autorités tunisiennes au plus haut niveau?
Bouquets de fleurs et tapis rouge. La présidente du conseil italien, Giorgia Meloni fut accueillie mardi dernier au palais de Carthage avec tous les honneurs dus au rang d’un chef de l’Etat par un Kaïs Saied visiblement sous le charme, souriant, détendu, le visage avenant. Alors que de son côté, elle riait à ses anecdotes à gorge déployée.
Venue en visite officielle qui n’aura duré que cinq heures montre en main, elle a promis de revenir dans les plus brefs délais. Parole tenue, puisqu’elle sera de retour chez nous dimanche prochain. Mais cette fois-ci la, présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen et le Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte viendront en renfort.
Symbiose
Que le courant soit bien passé entre le chef de l’Etat et la dirigeante de Fratelli d’Italia est une évidence. N’avait-elle pas martelé lors de sa première visite que son pays était en faveur d’une coopération « non paternaliste mais paritaire ». Une musique qui sonne doux aux oreilles de notre ombrageux Président. Nous savons grosso modo que la question migratoire ainsi que la situation alarmante de l’économie tunisienne étaient au menu de leurs discussions mardi dernier à Carthage. Et ce, d’autant plus que les négociations entre le gouvernement Bouden et le Fonds Monétaire International (FMI) traînent toujours en longueur pour la validation d’un nouveau prêt de 1,9 milliard de dollars. Des pourparlers difficiles dans la mesure où Kaïs Saïed s’insurge contre les réformes préconisées par l’instance de Washington. Notamment en raison de la levée brutale des subventions sur certains produits de base. Une mesure susceptible à ses yeux de menacer la paix civile.
Concrètement, la première ministre italienne Giorgia Meloni avait annoncé que Rome accordera 700 millions d’euros pour soutenir les secteurs vitaux en Tunisie. Tout en précisant que les fonds annoncés étaient destinés à des secteurs de base, tels que la santé et les services, « dans le plein respect de la souveraineté de l’État tunisien ».
Brouillard
Mais, que savons-nous au juste de la nature des accords qui seraient tenus secrets entre les deux parties et dont aucune information, comme à l’accoutumée, n’a filtré du côté tunisien? Et que proposera la patronne de la Commission européenne en contrepartie des largesses européennes. Puis, comment expliquer la présence du Premier ministre néerlandais? Face à ce blackout, nous pataugeons, hélas, dans un épais brouillard, contraints de nous nous rabattre sur une unique source : l’agence de presse italienne Nova pour éclairer nos lanternes.
Justement, selon cette même source, le porte-parole de la Commission européenne, Eric Mamer, lors de la conférence de presse quotidienne à Bruxelles hier jeudi 8 juin, explique laconiquement que le fait que la présidente de la Commission européenne se rende en Tunisie « est en soi le signe qu’un dialogue constructif est en cours avec les autorités italiennes ».
Devons-nous comprendre entre les lignes que le déplacement d’Ursula von der Leyen à Tunis a pour but de parachever des accords déjà passés entre Tunis et Rome? Et ce, en leur portant la caution de l’Union européenne?
« Les trois dirigeants rencontreront le président de la Tunisie, Kaïs Saïed. Les entretiens porteront sur les relations bilatérales entre l’Union européenne et la Tunisie. Un accord de coopération sur l’économie, les économies d’énergie et la migration sera au cœur des discussions », a précisé le porte-parole Eric Mamer.
« Évidemment, nos relations bilatérales avec la Tunisie sont anciennes et très étroites. Le but de ce voyage est justement de pouvoir aborder les différentes facettes de nos relations bilatérales avec la Tunisie, dans un cadre bien structuré », a-t-il encore souligné.
Or, cet accord de coopération dans les domaines de l’économie, de l’énergie et de la migration sera-t-il paraphé officiellement dimanche 11 juin au palais de Carthage? Et d’abord quel est son contenu? Prudent, le porte-parole de Mme von der Leyen se rétracte : « Je n’ai pas dit qu’un accord sera conclu, mais il sera au centre des discussions ». Nuance.
Remède de cheval
Enfin, la Commission européenne venue au chevet d’une économie tunisienne à l’agonie sait parfaitement que le 1,9 milliard de dollars miroité par l’instance de Bretton Wood en plus de l’éventuelle aide financière européenne n’est qu’un sédatif pour alléger le mal dont souffre la Tunisie. Ce qu’il faudra pour sauver le soldat Tunisie, c’est un remède de cheval à l’image d’un véritable plan Marshall mis en place après la Seconde Guerre mondiale pour aider à la reconstruction de l’Europe. Une utopie?