Le ministère des Finances vient de publier les résultats provisoires de l’exécution du Budget jusqu’à fin mars 2023.
Au niveau des revenus, le Trésor a encaissé durant le premier trimestre 2023 10 713,2 MTND, un record pour une telle période. Il s’agit d’une hausse de 13,8 % en glissement annuel et d’un taux de réalisation des prévisions de la Loi de Finances 2023 de 23,1 %.
Un mois de mars fiscalement juteux
Les recettes fiscales du premier trimestre ont totalisé 9 756,1 MTND, une progression de 13,8 %. Les impôts sur le revenu ont atteint 2 810,2 MTND (+10,5 % par rapport à la même période en 2022). L’impôt sur les sociétés a drainé 1 079,6 MTND, une hausse annuelle de 17,2 %. L’essentiel de ce montant provient des sociétés non pétrolières (888,6 MTND), contre 191 MTND pour celles pétrolières.
En matière d’impôts indirects, 5 866,3 MTND ont été collectés. La TVA reste la principale source de revenus de l’Etat, totalisant 2 540,2 MTND (+8,0 % en glissement annuel). Les droits de consommation et les droits de douanes ont, respectivement, apporté 953,3 MTND et 438,8 MTND.
A noter que le mois de mars a enregistré la meilleure recette fiscale depuis le début de l’année, avec 3 780,1 MTND.
Quant aux recettes non fiscales, elles atteignent 957,1 MTND. Les redevances du gazoduc algérien se montent à 412,9 MTND et les revenus des participations étaient de 318,7 MTND. Les autres sources de recettes non fiscales ont rapporté 225,5 MTND. Ainsi, et pour le seul mois de mars, 242,5 MTND ont été encaissés.
Une dernière remarque s’impose côté revenu : la Tunisie n’a reçu aucun don durant le premier trimestre pour alimenter ses finances.
Dépenses maîtrisées
Ces revenus ont été suffisants pour couvrir les dépenses totales, de 9 217,6 MTND. Par rapport à mars 2022, la hausse était de 3,1 %.
Le gouvernement a profité de la réduction des dépenses d’intervention de 5,1 % à 1 707,3 MTND. Ce poste englobe la compensation qui a absorbé 1 248,5 MTND, dont 1 038,6 MTND pour les carburants, 42,9 MTND pour les produits de base et 167 MTND pour les sociétés de transport.
Le poste des rémunérations reste le plus lourd, à 5 214,6 MTND, une hausse de 2,7 % par rapport à 2021. En moyenne, les salaires des fonctionnaires coûtent mensuellement 1 738,2 MTND. Toutefois, le rythme d’évolution est plus faible que les 7,8 % prévus. Si cette moyenne est conservée d’ici la fin de l’année, c’est une économie de 1 914,1 MTND qui sera enregistrée.
Cela a permis de créer une niche supplémentaire pour l’investissement public, de 628,6 MTND durant le premier trimestre; contre 560 MTND fin mars 2022.
Les intérêts de la dette publiques ont nécessité la mobilisation de 1 352 MTND, soit 25,4 % des charges financières totales à payer tout au long de l’année. La dette interne a accaparé 53,3 % de cette somme.
Un excédant, pour le moment
Cela nous donne un solde budgétaire (hors privatisations, dons et revenus de confiscation) positif de 1 495,6 MTND. Pour rappel, la Loi de Finances 2023 prévoit un trou de 8 507 MTND, soit 5,2 % du PIB.
Tout va bien donc. Mais attention, c’est juste pour le moment. Nous sommes encore au début de l’exercice budgétaire. La Tunisie n’a historiquement pas eu de soucis durant les premiers mois. Les difficultés s’intensifient habituellement durant le dernier trimestre.
De plus, il faut tenir compte du fait que le remboursement du principal de la dette n’est pas intégré dans les calculs. C’est pourquoi le Trésor a travaillé sur la mobilisation de ressources. L’endettement externe était de 374,5 MTND seulement, témoignant des difficultés que rencontre le pays à ce niveau. L’appui budgétaire n’a pas dépassé 43,4 MTND, en provenance de l’Agence Française de Développement (32,9 MTND) et de la Banque Mondiale (10,5 MTND). Côté remboursement, la Tunisie a respecté ses engagements et a payé 970,7 MTND (en principal) en trois mois.
Sur la même période, le marché interne a permis de collecter 714,9 MTND (en principal), refinançant de la sorte des paiements de 471,8 MTND.
En net, la Tunisie s’est désendettée de 1 495,6 MTND. L’endettement total du pays s’élève à 115 700 MTND, dont 49 534,7 MTND internes et 66 165,4 externes.
Malgré toutes les difficultés, le premier quart de l’année a été clôturé avec succès en matière de finances. C’est un point positif. Toutefois, cela ne doit pas cacher qu’il y a un long travail à accomplir, surtout côté ressources en devises. Il ne faut pas nier que le gouvernement est en train de gérer son besoin en fonds de roulement. Et ce, surtout en agissant sur ses dettes fournisseurs, le report de l’application de certaines conventions signées avec les partenaires sociaux et le reprofilage des emprunts locaux. Régulariser tout aurait causer un déficit. Mais nous ne pouvons que saluer les efforts qui sont en train d’être déployés car ce n’est pas facile d’évoluer dans un contexte financier régional hostile.
Nous réitérons donc nos estimations de la capacité de la Tunisie à affronter ses engagements extérieurs 2023. La grande question reste 2024, non en matière budgétaire, mais plutôt en termes de paiement extérieurs.