Près du point le plus profond de la Méditerranée, d’environ 5 269 mètres, des centaines de réfugiés et de migrants sont morts tragiquement. Le navire qui a coulé à l’extérieur de Pylos, en Grèce, a été retrouvé à cet endroit-là; alors qu’il était parti de Tobrouk, en Libye, en direction de l’Italie.
Le dernier naufrage au large des côtes de la Grèce d’un bateau de pêche parti de l’est de la Libye est la plus grave tragédie de ces huit dernières années en Méditerranée. En effet, les estimations du nombre de personnes à bord varient de 700 à 900 selon les sources. Tandis que 79 corps ont été récupérés par les garde-côtes grecs qui ont secouru 104 personnes.
Il faut remonter au massacre du détroit de Sicile, qui a eu lieu le 18 avril 2015 et qui avait fait 58 victimes confirmées, 28 rescapés et entre 700 et 900 présumés disparus, pour retrouver un épisode d’une ampleur similaire. Or, selon ce qu’a appris « l’Agence Nova », Frontex avait alerté, le 24 mai dernier, du départ d’au moins « trois gros bateaux de pêche » de l’est de la Libye avec 2 000 migrants à bord.
Il n’est pas clair si le navire de pêche qui a chaviré dans la zone SAR (recherche et sauvetage) de la Grèce était en fait l’un des trois signalés par Frontex. Cependant, il était facile de prévoir que, tôt ou tard, l’un des bateaux de pêche délabrés partis de Cyrénaïque transportant des centaines de Bengalis, d’Égyptiens et de Syriens ferait naufrage.
Peu avant le naufrage, l’activiste italo-marocaine Nawal Soufi, qui avait tiré la sonnette d’alarme, avait rapporté sur Facebook qu’un navire marchand proche du bateau « jetait des bouteilles d’eau » à bord du navire, « provoquant un gros déséquilibre à chaque fois qu’une bouteille a été jeté ».
La Libye se classe 2ème après la Tunisie en termes du nombre d’arrivées en Italie
En attendant les témoignages des rescapés, la thèse la plus plausible est que le bateau a chaviré lors d’une opération de sauvetage improvisée ou mal organisée dans la zone Sar sous la juridiction d’Athènes. Reste à comprendre pourquoi le navire est allé si loin vers l’est, étant donné que généralement les bateaux en provenance de Libye pointent vers les côtes italiennes, soulignent les observateurs.
Considérant les cinq premiers mois de 2023, la route libyenne se classe au deuxième rang, après la Tunisie, en termes de nombre d’arrivées en Italie. Et ce, avec 22 662 personnes arrivées au 31 mai. soit plus du double des 10 986 migrants débarqués à la même période en 2022.
Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Rome, a rapporté qu’on dénombre, à partir du 12 mai, « en 2023, 1 039 morts en Méditerranée centrale et 1 277 dans toute la Méditerranée ». Malheureusement, ce solde doit maintenant être révisé à la hausse.