Dans un rapport qu’elle vient de publier, la Banque mondiale s’inquiète des conséquences d’une surexploitation des eaux souterraines, dans une grande partie de l’Asie du Sud, du Moyen-Orient, mais aussi de l’Afrique du Nord.
C’est donc tout naturellement que l’institution de Bretton Woods, dont la première mission est le développement, appelle à mettre en place « des programmes de développement des sources d’eau non conventionnelles et de stockage des eaux de surface; ainsi qu’une gestion améliorée de la demande ». Dans son rapport publié récemment et portant sur « la richesse cachée des nations, ou le rôle vital des eaux souterraines face aux changements du climat », la BM rappelle que les eaux souterraines doivent être considérées comme une priorité par les responsables politiques. Et ce, afin de garantir qu’elles soient utilisées d’une manière qui profite à la société, à l’économie et à l’environnement.
Concilier coût privés et coûts sociaux
Alors, « une action politique de haut niveau est nécessaire pour concilier les coûts privés et sociaux de l’utilisation de ces eaux », indiquent les auteurs dudit rapport.
« Des politiques ciblées et des réformes des systèmes de subvention peuvent garantir que l’expansion des énergies vertes et des investissements agricoles n’entraîne pas de surexploitation, de dégradation et de mauvaise gestion des nappes phréatiques et des écosystèmes qui en dépendent », expliquent-ils.
En effet, l’aide publique à l’agriculture, qui s’élève à environ 635 milliards de dollars par an, influe sur le choix des cultures et de l’irrigation, notamment sur la quantité d’eau puisée dans les nappes phréatiques. Cela signifie que des politiques agricoles soucieuses de la bonne utilisation des eaux souterraines et que des réformes des subventions sont nécessaires pour promouvoir la gestion durable de ces ressources, ajoute le rapport.
Rapport entre coût de l’énergie et gestion des eaux souterraines
Toujours selon la même source, la baisse du coût de l’énergie solaire et l’accélération du passage aux énergies propres en général offrent aux décideurs la possibilité de prendre en compte la gestion de ces ressources souterraines dans leurs politiques, institutions et investissements écologiques.
Néanmoins, un accès plus large à des technologies solaires abordables pourrait accélérer l’utilisation des eaux souterraines pour l’irrigation et l’approvisionnement en eau. Ce qui augmenterait le risque de surexploitation, estime le rapport. Il appelle ainsi les gouvernements à « déterminer précisément la nature de l’aquifère présent sur leur territoire, le degré d’utilisation de ces eaux et les besoins de protection de la qualité de cette ressource ».
Les eaux souterraines, une ressource mal gérée
L’épuisement des nappes phréatiques, la dégradation de la qualité des eaux souterraines et la concurrence croissante pour cette ressource menacent sa durabilité, indique le rapport. En estimant que les sociétés pourraient devenir encore plus vulnérables aux chocs climatiques.
« Alors que certains pays n’exploitent pas suffisamment les eaux souterraines, d’autres en sont devenus trop dépendants. Déjà, 92 % des nappes aquifères transfrontalières du Moyen-Orient et d’Asie du Sud montrent des signes de tarissement ». C’est ce que révèle le rapport. Tout en ajoutant qu’en Asie du Sud, les eaux souterraines ont été profitables en augmentant les revenus agricoles d’environ 10 à 20 %. Mais cet avantage diminue au fur et à mesure que la ressource se tarit.
À l’autre bout du spectre, les eaux souterraines sont sous-utilisées en Afrique subsaharienne. Ainsi, plus de 255 millions de personnes vivant dans la pauvreté dans la région habitent dans des zones où l’exploitation des eaux souterraines peu profondes est possible.
En utilisant cette ressource de manière responsable et en la valorisant de manière appropriée, la région pourrait améliorer ses rendements agricoles et faire progresser son développement, conclut le rapport.
Avec TAP