Un problème de résolu, la Banque mondiale et la Tunisie sont revenues aux meilleurs sentiments (après les frictions de mars dernier), avec cette annonce qui pourrait en entraîner d’autres dans les prochains mois. On espère maintenant un dénouement avec le Fonds monétaire international.
Le Groupe de la Banque mondiale (BM) a annoncé, jeudi 15 juin 2023, le lancement d’un nouveau Cadre de partenariat-pays (CPF) avec la Tunisie, d’une durée de cinq ans, qui va appuyer le plan de développement du gouvernement (2023-2025) en faveur d’une expansion économique qui profite à tous, crée des emplois de qualité et renforce la résilience aux changements climatiques ».
Le CPF sera mis en œuvre conjointement par la Banque mondiale, la Société financière internationale (IFC) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), avec une enveloppe annuelle sur cinq ans, d’environ 400 à 500 millions de dollars, auxquels s’ajouteront des investissements d’IFC et des garanties de la MIGA, indique la BM dans un communiqué.
Soumise à l’examen du Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale, cette stratégie fournit des orientations qui permettront à l’institution de « continuer à jouer son rôle de partenaire de long terme auprès de la Tunisie et de sa population ».
Intégration des thèmes transversaux
En effet, « ce nouveau cadre, qui s’appuie sur le plan de développement 2023-2025 de la Tunisie et sa Vision 2035, a été conçu sur la base du diagnostic-pays systématique (SCD) réalisé par la Banque mondiale, ainsi que sur son prochain rapport national sur le climat et le développement ».
Il vise principalement, « la création d’emplois de qualité par le secteur privé, le renforcement du capital humain et l’amélioration de la résilience au changement climatique et la réduction des émissions de carbone ».
Cette stratégie vient » fixer le cadre sur lequel la Banque mondiale et la Tunisie pourront intensifier des programmes de nature à libérer le potentiel économique du pays
Le CPF a, également, pour objectif d’intégrer deux thèmes transversaux dans l’ensemble des programmes : « la question du genre et de l’égalité des sexes, d’une part, et, d’autre part, l’enjeu de la responsabilité, de la participation et de la confiance. Il met aussi, l’accent sur la migration comme source d’opportunités pour le pays ».
Pour Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, cette stratégie vient » fixer le cadre sur lequel la Banque mondiale et la Tunisie pourront intensifier des programmes de nature à libérer le potentiel économique du pays et promouvoir un avenir meilleur pour ses habitants ».
Il a, à cet égard, souligné que la BM entretient une « collaboration solide et de longue date avec la Tunisie », un pays qui, selon lui, a été « durement touché par les multiples crises mondiales, mais fait preuve de résilience ».
Une étape importante
De son côté, le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed, a fait savoir que ce partenariat est « une étape importante », qui permettra à la Tunisie de développer la protection sociale, l’éducation, la santé, et d’améliorer le climat des affaires afin de stimuler l’innovation, ainsi que la croissance verte, tout en réduisant les disparités régionales et favorisant l’inclusion sociale. »
Dans la continuité des consultations approfondies menées avec le gouvernement, le secteur privé, la société civile et les partenaires de développement, le CPF témoigne de notre engagement en faveur de la croissance inclusive et durable de la Tunisie, affirme Alexandre Arrobbio, chef-pays de la Banque mondiale pour la Tunisie.
Le CPF témoigne de notre engagement en faveur de la croissance inclusive et durable de la Tunisie (Alexandre Arrobbio)
Si le CPF soutient l’obtention de résultats principaux durables à moyen terme, il répond également à des priorités à court terme, notamment le soutien direct aux familles les plus durement touchées par les crises, l’accès des petites et moyennes entreprises au financement, et la production d’énergie renouvelable, a-t-il ajouté.
Renforcer la résilience et la compétitivité du secteur privé
Cheick-Oumar Sylla, directeur régional d’IFC pour l’Afrique du Nord et la Corne de l’Afrique, a, par ailleurs, déclaré que l’objectif de la BM, à travers cette nouvelle stratégie, est de « renforcer la résilience et la compétitivité du secteur privé afin de créer des emplois, d’offrir des opportunités d’investissement et de soutenir les réformes du gouvernement tunisien visant à améliorer le climat des affaires ».
Le respect des exigences environnementales et sociales de l’institution restera au cœur de la mise en œuvre du CPF avec la Tunisie, comme pour tous les partenariats du Groupe de la BM, insiste la banque.
Le lancement du CPF fera l’objet d’un évènement qui permettra de mettre en lumière son contenu et ses priorités immédiates, mais aussi, d’engager une discussion autour du Rapport sur le développement dans le monde 2023 de la Banque mondiale, intitulé » Migrants, Réfugiés et Sociétés.
Pour rappel, les discussions autour du cadre de partenariat-pays (CPF) avaient été temporairement suspendues, le 6 mars 2023, par la direction de la BM, suite à la polémique qui a été suscitée par l’affaire des migrants subsahariens en Tunisie.
L’institution financière internationale avait, cependant, souligné que le dialogue et l’engagement avec les autorités tunisiennes restent maintenus, ajoutant qu’elle avait pris note des mesures positives prises par le gouvernement pour apaiser la situation
Avec TAP