Dans un effort de médiation entre la Russie et l’Ukraine, une délégation africaine s’est rendue samedi 17 juin à Moscou pour rencontrer le président Poutine. Elle comprenait les présidents des Comores, du Sénégal, de l’Afrique du Sud et de la Zambie, le Premier ministre égyptien et les ministres des Affaires étrangères de la République du Congo et de l’Ouganda.
Au cours de cette rencontre, le président russe a présenté à la délégation africaine le projet de traité sur la neutralité ukrainienne rédigé lors des négociations russo-ukrainiennes tenues à Istanbul en mars 2022. « Comme vous le savez, une série de pourparlers entre la Russie et l’Ukraine ont eu lieu en Turquie afin d’élaborer à la fois les mesures de confiance et de rédiger le texte de l’accord. Ce projet d’accord a été paraphé par le chef de l’équipe des négociateurs de Kiev. Il y a apposé sa signature. La voici », a déclaré Poutine à la délégation africaine, cité par l’Agence TASS.
Selon RT (Russia Today), le traité, intitulé « Neutralité permanente et garanties de sécurité pour l’Ukraine », exigeait que l’Ukraine inclue le concept de « neutralité permanente » dans sa Constitution. Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie, la Chine et la France sont cités par le projet d’accord comme « pays garants ».
En effet, des responsables russes et ukrainiens se sont rencontrés en face à face à Istanbul, le 29 mars 2022. Après la réunion, le négociateur en chef de la Russie a qualifié les pourparlers de « constructifs » et le ministère russe de la Défense a annoncé le retrait des troupes russes de la ville de Kiev et d’autres villes du nord de l’Ukraine. Ce qui fut fait.
Rappelant ces détails à la délégation africaine, Poutine a affirmé : « Après avoir retiré nos troupes de Kiev – comme nous l’avions promis – les autorités ukrainiennes ont renié leurs engagements et jeté le projet d’accord à la poubelle de l’histoire ».
Pourtant, avant que Washington et Londres n’entrent dans la danse, les médias ukrainiens, dont ‘’Ukrainska Pravda’’, ont affirmé après la réunion d’Istanbul qu’ « une rencontre entre Poutine et Zelensky n’était pas exclue ». On était donc à deux doigts de la paix quand les apprentis-sorciers surgirent.
Le Premier ministre britannique de l’époque, Boris Johnson, se rendit de toute urgence à Kiev le 9 avril 2022, juste quelques jours après la réunion d’Istanbul et le retrait russe du nord de l’Ukraine. Pour Londres et Washington, une catastrophe se profilait à l’horizon : la paix en Ukraine. Une paix qui allait saborder l’occasion en or pour l’Occident d’affaiblir la Russie et, si possible, la faire exploser en de multiples entités indépendantes…
Le but du voyage du 9 avril de Boris Johnson était donc de faire avorter la paix et de garantir les chances de la poursuite de la guerre. Que dire sinon que Londres et Washington ont réussi à imposer aux Ukrainiens l’obligation de servir de chair à canon pour faire durer l’illusion entretenue à coups de milliards de dollars que l’Ukraine pourrait battre la Russie !
Que l’Ukraine continue de subir les destructions et de compter quotidiennement ses morts, cela n’a pas l’air de perturber outre mesure les responsables américains et britanniques qui continuent de verser de l’huile sur le feu. Il y a juste quelques jours, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a sèchement et obstinément réitéré la position américaine en ces termes : « Les États-Unis continueront à armer l’Ukraine plutôt que de faire pression pour la paix. » Même son de cloche du côté de la Grande Bretagne qui, par ses envois massifs d’armements à l’Ukraine, défend plus férocement encore la poursuite de la guerre plutôt que l’option de paix.
Il n’est donc pas étonnant que les efforts déployés par la Chine ou, plus récemment, par la délégation africaine dans l’espoir de trouver une solution pacifique échouent. Que peut faire une colombe face à un canon pointé sur elle ?
Avant de se rendre en Russie, la délégation africaine était en Ukraine vendredi 16 juin. A la colombe africaine que la délégation lui proposait, Zelensky a répondu sans détour qu’il préférait les canons de l’Occident. Un choix par lequel le président ukrainien condamne son armée à plus de défaites, son pays à plus de destruction et son peuple à plus de souffrances.