Le Président de la République a effectué une visite à Dar Assabah, le 16 juin en pleine détresse et dont l’arrêt de mort a déjà été annoncé.
Il répondait à la demande de la famille de Dar Assabah qui a adressé, lundi dernier, une lettre ouverte au chef de l’Etat pour qu’il intervienne dans le but de sauver l’établissement menacé de ne plus pouvoir éditer les journaux à partir de la semaine prochaine. « L’Etat tunisien n’abandonnera pas son histoire et ne cèdera pas des entreprises qui en font partie », déclarait le président de la République. A cet égard, il avait déjà effectué une visite inopinée à Snipe-La Presse le 11 mars dernier. Ainsi, sans l’intervention du Président, les grands quotidiens nationaux et historiques du pays, La Presse, Assahafa, Assabah et Le Temps, auraient disparu des kiosques.
Le quotidien Assabah est fondé par Habib Cheikhrouhou, le 1er février 1951. Hédi Laâbidi fut le premier rédacteur en chef du quotidien Assabah. Il a été l’un des grands bonhommes de la renaissance littéraire et artistique. Hédi Laâbidi est d’ailleurs l’un des fondateurs du groupe « Jemaâ Taht Essour » et de la Rachidia. Il fit école à part, en matière de journalisme et dans le monde des lettres et des arts. Abdellatif Fourati fut son successeur de 1980 à 2000.
Un journal indépendant défendant la cause nationale
Se présentant comme un journal indépendant, Assabah défend la cause nationale. Il ouvre ses colonnes aux leaders du mouvement national et à toutes les plumes militant pour la libération du pays et l’édification d’un État indépendant. Cheikhrouhou dut subir de multiples épreuves : emprisonnements, exils, suspensions et clandestinité du journal. De fait, Assabah est proche du néo-Destour, tout adoptant une position conservatrice islamiste et panarabe modérée. Ce qui explique sa proximité politique avec Salah Ben Youssef, lors de son différend avec Habib Bourguiba.
Assabah se réconcilie avec le régime bourguibien, en mettant en valeur le rôle de Wassila Ben Ammar, originaire de Béja et future présidente, le 15 janvier 1952 dans le meeting féminin organisé dans cette ville, au mausolée Sidi Baba Ali Smadhi.
Finalement, Assabah reste l’un des principaux pôles dans le domaine de l’information en Tunisie. La Poste tunisienne émettra, le 9 février 2021, un timbre-poste, à l’occasion de la célébration du 70ème anniversaire de la création de ce journal.