Ce serait tautologique de dire que l’Afrique est accablée par son endettement. Et ce, parce que souvent les règles les plus élémentaires de la gestion publique ne sont pas mises en place et encore moins respectées, en matière de dette.
Des experts et autres analystes pensent avoir trouvé une– pas la- solution à ce problème. En effet, lors d’un panel sur la gestion de l’endettement en Afrique à la conférence internationale “Blomberg New Economy Gateway Africa“ (Marrakech 14 et 15 juin 2023), ces experts indiquent qu’« une meilleure mobilisation des recettes fiscales pourrait permettre aux pays africains de réduire leur dette colossale ». C’est ce que rapporte le site afrique.le360.ma.
« La dette publique constitue un lourd fardeau pour les pays africains », et c’est ce que confirme du reste le rapport “Trade and Development Report Update“ de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), selon lequel huit pays africains sont « en situation de surendettement. A savoir : la RDC, le Malawi, du Mozambique, le Sao Tomé-et-Principe, la Somalie, le Soudan, la Zambie et le Zimbabwe. Et treize présentent un risque élevé de surendettement ».
Alors, quelles solutions pour alléger le surendettement des pays africains ?
L’une des solutions serait donc la mobilisation des recettes fiscales. Pour Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du Fonds monétaire international (FMI), «… les Etats africains devraient élargir leur assiette fiscale et réduire les incitations fiscales non essentielles. Ces mesures permettront d’augmenter progressivement le ratio impôts/PIB au fil du temps. L’expérience montre que les pays peuvent augmenter leur collecte fiscale d’environ 0,5 % à 1 % de pourcentage du PIB par an ».
Le directeur général du fonds souverain du Nigeria, Nigeria Sovereign Investment Authority (NSIA), abonde dans le sens et souligne que « la fiscalité est une source de financement plus efficace que l’endettement. Il est nécessaire d’établir une relation de confiance entre le gouvernement et les contribuables pour améliorer la collecte fiscale ».
Une relation difficile à établir dans les pays africains, car « les contribuables sont souvent peu enclins à payer leurs impôts. Bon nombre d’entre eux craignant que l’argent collecté ne soit pas utilisé à bon escient ».
L’exemple marocain
Le cas du Maroc peut constituer un exemple pour plusieurs du continent. En effet, lors de ce débat, écrit afrique.le360.ma, la ministre marocaine de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a souligné que le gouvernement a procédé à une réforme macro-économique visant à renforcer la confiance des entreprises dans la collecte des recettes fiscales.
Les résultats ne sont pas faits attendre : le Royaume a réussi à augmenter ses revenus fiscaux de 21 % en 2021 et de 17,4 % en 2022.
« Nous avons également mis en place un système de protection sociale incitatif. Lorsque les personnes voient les avantages de la sécurité sociale, comme l’accès aux soins médicaux, elles sont plus disposées à payer leurs impôts », soutient-elle.
Ceci étant, les économistes pensent que la guerre entre la Russie et l’Ukraine a provoqué la hausse du dollar et une baisse des monnaies africaines.
Conséquence : «… une évaluation disproportionnée des risques en Afrique, engendrant une prime de risque environ trois fois plus élevée que dans les marchés émergents », constate la ministre marocaine. Abebe Selassié pousse dans la même direction : «… les pays qui manquaient de résilience et dont les marchés financiers étaient peu développés sont poussés à bout. Et certains sont même confrontés à des problèmes de solvabilité ».
Maintenant, reste à faire bon usage de “l’arme fiscale“ pour ne pas tuer le développement des PME et autres initiatives privées.